vendredi 1 février 2019

Cap Vert : Mindelo

Capo Verde : Ilha Sao Vicente

Drapeau du Cap Vert
Nous quittons l'ile de Sal avec regret, direction l'ile de Sao Vincente. Je dis regret, car l'ile de Sal nous avait dépaysé ; on y avait senti une ambiance d'Afrique et un parfum d'aventure. Prendre le minibus collectif aussi appelé "collectivo" en Amérique du Sud, c'était déjà mettre un pied dans un autre univers. Ici rien d'aseptisé, tout est brut, poussière, sourire et soleil.

Nous voulons réveillonner à Mindelo où l'on sait qu'il y a une marina confortable. La ville permettra de refaire l'avitaillement complet avant la grande traversée de l'Atlantique qui nous attend. Avant de partir, nous passons au poste de police maritime faire tamponner notre sortie. La formalité est rapide et l'accueil sympa.

Le départ est donné dans la matinée, nous permettant d'arriver le lendemain matin à Mindelo tout en profitant d'une petite visite de l'ile de Sao Nicolau. La sortie du port est encore un peu chahutée, et l'on prend une nouvelle fois les vagues de travers pendant 2-3 heures. Malgré un vent soutenu, le bateau roule, roule : nous avons choisi une route vers le sud-Ouest et le vent établi vient du Nord.

Plage de sable volcanique au fond de l'anse de Carrical
(Cliquer pour agrandir les photos)

Mais cela vaudra le coup. L'arrêt à Carrical sur l'ile de Nicolau nous fait  découvrir une anse nichée dans une faille volcanique. Au fond, une vallée verdoyante contraste avec le paysage désertique des alentours.
L'ancre est mouillée, mais il y a du fond et l'on sent que l'ancre dérape doucement. Un vent de 20-30 noeuds nous pousse vers le large petit à petit.
On aura cependant le temps de descendre à terre, pour avoir le plaisir de marcher sur le sable chaud. 
Nous savons qu'il y a un français installé ici. Il n'est pas là lors de notre visite, aussi nous parcourons le tour du village juste pour le plaisir des yeux. Après un repas à bord, nous repartirons vers Mindelo

Belle navigation de rêve, à l'abri de l'ile nous ne sentons pas les vagues. Le gennaker est sorti, le bateau file bien plat sur une eau sombre. Le soleil brille, notre gennaker coloré nous procure une ombre opportune : ce sera une après midi de farniente en longeant la côte sud de l'ile.

La nuit est calme, et l'on arrive à Mindelo comme prévu en début de matinée.

Arrivée à Mindelo vue depuis le cockpit

Unavoq au ponton flottant
Balade sur les pontons flottants
On avait beaucoup lu sur Mindelo avant d'y venir, notamment du fait que ce serait notre dernière escale avant la Transatlantique. On savait pouvoir trouver de tout : eau en bouteille, conserves, fruits frais, produits laitiers...

On avait aussi lu que la marina était chère, et aussi "rouleur" que le mouillage gratuit. Beaucoup n'y trouvaient aucun intérêt. Pour nous, ce fut le contraire. Certes les pontons flottants bougent beaucoup, mais cela à un énorme avantage : on conserve notre amarinage. Du coup nous ne serons pas malade lorsque nous reprendrons la mer une semaine plus tard. Et puis il faut le dire, quand cela bouge, ce n'est pas non plus énorme, et le ponton est confortable. C'est un vrai confort que de pouvoir monter à bord sans se mouiller, sans avoir besoin de se rincer du sel qui inévitablement vous colle.

Se rincer du sel ? Voila une astuce qui permet de conserver des draps de lit sec. Si vous n'y faites pas attention, au bout d'une semaine le coton est imbibé de sel et conserve alors l'humidité. On dort donc moins bien...

Le ponton favorise aussi les contacts. Nous y rencontrerons Philippe et ses 2 équipiers sur le départ, et passerons une bonne soirée ensemble.

Le Bar en bout de ponton
Notez que l'eau se paye à la consommation par tranche de 100 litres. Ici, elle provient uniquement de la désalinisation d'eau de mer car il ne pleut pratiquement pas.
La marina est propre, les douches aussi, et les magasins livrent directement au bateau. C'est pratique quand il faut apporter 100 litres d'eau en bouteilles de 5 et 8 litres.

Un bar / restaurant est installé devant la capitainerie, belle vue sur la baie et les mouillages. C'est un peu cher pour les repas (environ 2 fois plus cher qu'en ville), mais boire frais à l'ombre et sur l'eau est vraiment reposant.



Vue très très cool
depuis le bar/restaurant de la marina
Accès aux annexes des personnes au mouillage
juste devant le bar
Espadon en sculpture sur le bord de plage
devant la marina
Marché au poisson
La ville est très animée, les gens accueillants. On adore le marché aux poissons où l'on achète du thon frais (5 € le kilo). Le poisson est frais, fondant et gouteux. On achètera aussi des conserves de thon réalisées au cap vert. A notre goût, elles sont bien meilleures que celles que l'on trouve habituellement en France (moins sèche et moins compacte, plus onctueuse).

Le marché aux légumes nous permettra aussi de trouver du frais. Cependant, pas facile de trouver :
- des poivrons rouges / Jaunes (ici la plupart sont verts)
- des ananas / des oranges / des pommes (non réfrigérées)
- des radis
Mais avec un peu de patience et de bonnes chaussures, on arrive à tout trouver :).

La seule chose que l'on ne trouvera pas c'est comment remplacer une de nos Kobo (liseuse électronique) qui vient de rendre l'âme. Il faut dire que l'on s'est assis dessus, le cockpit étant parfois un vrai chantier quand l'on ne range pas... Sur un bateau, il faut toujours ranger, sinon on a de la casse. Un coup de vent, une vague plus grosse, on glisse, on se cogne, on perd une fixation qui part à la mer... Pourtant on a un cockpit central, bien protégé, où théoriquement rien ne peut sortir. Heureusement, nous avions embarqué 2 liseuses à bord. L'électronique est toujours doublé, car c'est sensible au sel à l'humidité et à la poussière. 

Notre Barographe
On a beaucoup de chose en double ou triple d'ailleurs : 3 ordinateurs (avec des OS différentes), 2 VHF (dont une portable), 3 lecteurs de cartographie (2 sources de cartes différentes), 5 GPS, 6 lampes torches, 4 baromètres (dont un barographe, cliquer sur le lien pour accéder à l'article sur le sujet), 4 horloges électroniques, 2 anémomètres, 2 montres (dont une de précision pour les calculs utilisant l'heure universelle), 2 sextants (dont un de précision), 2 téléphones par personnes, 2 chargeurs pour chaque appareil, 3 sources d'énergie (moteur, générateur, solaire)...  la liste est encore longue. 


Réveillon au bar de la marina
Pour le réveillon, le bar de la marina de Mindelo ferme. Mais un couple de jeunes navigateurs a la bonne idée de négocier la possibilité d'utiliser le lieu pour que tous les navigateurs puissent diner ensemble.
Bingo, le bar accepte et nous laisse carte blanche et électricité aussi. Du coup nos jeunes font le tour des bateaux et tout le monde joue le jeu. Chacun apportera quelque chose à manger ou à boire et donnera 1 € pour payer le gardien durant la soirée.
Rendez-vous réussi, le bar devient un lieu de rencontre très actif. La fête se termine par un feu d'artifice de la mairie et une virée en ville où une grande estrade produit des musiciens de talents à profusion jusqu'au petit matin.

Départ de Philippe pour la traversée
(une de nos rencontres amicales sur le ponton)
Nous assistons ensuite aux départs des voiliers les uns après les autres durant la semaine. La météo est bonne, nous décidons de partir en fin de semaine.

C'est la grande aventure, celle où l'on ressent un pincement de coeur avant de s'engager. Le bateau est solide. On le pense bien préparé. Cela fait 4 mois que l'on est parti et que l'on navigue avec en continu. On a confiance, mais il y a toujours ce petit rien qui n'est jamais certain. La traversée est estimée pour une durée de 16 à 20 jours. C'est bien long, et au milieu on sera à plus de 2 000 km des côtes.


Une partie de l'avitaillement pour la traversée
L'avitaillement nous prendra 2 jours. Les magasins du port nous livrent au bateau pour le plus lourd : l'eau et les boissons. On prendra en plus de nos 700 litres de réservoir d'eau, 90 litres d'eau en bouteilles et 40 litres en bidons souples.
Une autre journée sera nécessaire pour tout caler, ranger et s'y retrouver... Nous avons pris la précaution de ne pas prendre de carton à bord, car il existe toujours un risque d'embarquer aussi des oeufs de cafards avec ! C'est du vécu par des amis voyageurs.



Nous partirons vers 16h le samedi 5 janvier, après avoir rempli le réservoir de 450 litres de gasoil détaxé. La station d'essence nous fait signer un papier pour bénéficier de la détaxe. Prix du gasoil ; 88 centimes d'Euro le litre. C'est plus cher qu'à Gibraltar où nous avions payé 48 centimes d'Euro le litre, mais rien à voir avec les tarifs Français. Heureusement, car le budget pétrole en prendrait un coup.

Au moment où nous écrivons ces lignes, nous sommes arrivés en Martinique, baie du Marin, où nous avons mouillé l'ancre depuis une semaine. Nous avons traversé l'Atlantique en 19 jours.

5 commentaires:

  1. Génial ! Nous sommes heureux pour vous , 19 jours vous n avez pas traine ! Merci c est une mine d'informations votre blog...
    Nous partirons sur vos traces début juin ....on vous souhaites que du plaisir ,bonne nave et autant de bons mouillages !!!😁😎
    Caroll & Marc

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  2. Réponses
    1. Merci.
      N'oubliez pas de signer les commentaires afin que l'on réponde précisément.

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    2. ah oui j'ai oublié de signer ;) maintenant vous avez du bon thé à bord ! Sabine

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    3. Je n'oublie pas la photo, dès que l'on sera rentrés avec un peu de soleil :)

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