lundi 1 février 2021

Polynésie : Les Marquises (Tahuata)

 Ile de Tahuata

Mouillage devant Vaitahu, le village principal de Tahuata (côte Ouest)
Unavoq est le plus à droite sur la photo

 

Après un superbe séjour sur l’ile de Ua Pou que nous recommandons, nous continuons l’aventure vers l’ile de Tahuata, étape incontournable avant Hiva Oa. Guillaume et Brigitte devant se rendre à Tahiti, nous nous quittons par une belle journée ensoleillée avant de reprendre la mer. 


Tahuata est une petite ile située au Sud-Ouest de Hiva Oa, et donc sur notre parcours. Elle est séparée de cette dernière par le canal du Bordelais, réputé très agité. Aussi nous préférons faire un arrêt avant de fréquenter le canal, ne serait-ce que pour se renseigner sur les conditions météos lors de sa traversée.


D’après les calculs du routeur Raymarine, il nous faut seulement 10 heures de navigation pour rejoindre la baie de Vaitahu sur Tahuata depuis la baie de Uapo. Hélas, après quelques heures, la mer commence à s’agiter avec un courant contraire et un vent tournant sans cesse qui nous oblige à mettre le moteur sans possibilité de sortir le génois. Le génois c'est un peu notre tracteur en mer, c'est lui qui nous donne de la puissance et une bonne partie de la stabilité. Notre vitesse est freinée par les vagues et la nuit agitée. Au final il nous faudra 20 heures pour arriver à bon port, dont 10 heures de moteur. On n'aime pas ce genre de navigation dépendant du moteur et sans aucun plaisir. 


Heureusement nous arrivons comme d’habitude avec nos amis les dauphins qui nous accueillent. C’est toujours aussi captivant, surtout quand ils sont près de la proue et virevoltent dans l’écume de l'étrave du bateau. On ne se lasse pas.


La baie est très large et relativement protégée de la houle. Il y a seulement 3 bateaux au mouillage à notre arrivée. Nous ancrons dans 18 mètres d’eau car nous souhaitons rester derrière les bateaux ancrés en face de la plage. Le ponton est sur la gauche, il est mal conçu lorsque la houle entre. 

 

Vue vers le village depuis notre pont


Quand la mer est agitée, certaines vagues déferlent sur le ponton jetant une masse d’eau importante avec une grande violence. Cela devient vite dangereux. Nous avons eu la malchance d’arriver dans ces conditions, cela a été très sportif et nous a valu une douche gratuite d’eau de mer à tous les deux. Il faut vraiment faire attention, car en plus le sol en béton est aussi très glissant. Les villageois nous ont dit qu'ils brossaient le béton avant chaque arrivée de l'Aranui (le cargos croisière ravitailleur), afin de garantir la sécurité des passagers.


Le cargos ravitailleur vient de se mettre au mouillage
à l'entrée de la baie


Le cargos met à l'eau des barges pour délivrer ses marchandise sur le ponton
Il en fait de même pour les véhicules... spectacle garanti


Heureusement le lendemain, la mer est redevenue calme et le ponton beaucoup plus praticable. On a ainsi pu débarquer et visiter le village facilement. C’est un joli petit coin avec notamment une mairie, une belle église, un musée, un magasin d’alimentation et un bureau de la Poste. 



L'église du bout du monde financé par le Vatican !


Comme dans toutes les églises des Marquises,
le bois sculpté est très présent
(hôtel, bénitier, statuaire...)


En arrivant, la mairie nous a offert 4 heures de wifi consécutif par personne. C’est un petit débit mais cela permet de se connecter à Internet et de rester en contact avec nos proches. A noter, Messenger fonctionne mieux que WhatsApp sur l'ile.


Vue vers la plage, la mairie à gauche
Le musée à droite


Il n’y a pas la 4G, donc pour nous, notre forfait data ne fonctionne pas. Pour visiter le musée, il faut demander la clef à la mairie. Dans notre cas, entre une alerte Covid au village d’à côté et la période des fêtes, cela n’a pas été possible d'avoir la clef au bon moment... 


On trouve aussi deux snacks dont celui de Jimmy (le premier en arrivant depuis la berge) qui propose, hormis la restauration et les boissons, le wifi, une machine à laver (800 XPF les 5 kg), des paniers de fruits et légumes. Son jus de pamplemousse est un délice.

 

Côté voileux, nous retrouvons le voilier « Mara'amu » de Maurice et Manuela croisés à Nuku Hiva et rencontré à Panama il y a déjà 6 mois, ainsi que le voilier « Thula » battant pavillon allemand, rencontrés à Curaçao pendant notre confinement en début d'année 2020. Ces derniers décident de revenir sur Panama pour rentrer en Europe, plutôt que de continuer plus vers l'Ouest pour terminer la grande boucle.


Les voiliers suivent pour la plupart du temps le vent, et donc les mêmes voiliers se croisent aux mêmes escales plus loin. Seuls les plus courageux qui remontent le vent ou les moins aguerris, qui renoncent à continuer, s'écartent du flux principal. Quand vous partez de France, vous naviguez donc avec ceux qui partent en même temps que vous, et à l'occasion vous croisez ceux qui font de plus longues escales en étant partis avant vous. 


Peu importe votre vitesse, c'est plus le temps aux escales qui compte. Je me rappelle avoir suivi de l'Espagne aux Canaries un superbe catamaran tout en carbone : une vraie fusée avec des moyennes à 15 nds. En comparaison, nous faisons 5 nds de moyenne, soit 3 fois moins vite. Pourtant, on les a revus en Espagne puis à Gibraltar et encore aux Canaries. 

 

Comme nous sommes à la veille de Noël 2020, Jimmy organise un repas de réveillon pour les voileux et les proches. Ce sera l’occasion de passer une très bonne soirée riche en saveur au son des guitares et des ukulélés. On dégustera du requin cru au citron, du poulpe, du cochon sauvage et de la chèvre récemment chassés ainsi qu’un vin chaud fait par nos voisins voileux danois du voilier Atlas fraîchement arrivé.


longue table des victuailles
Non moins longue table des convives
Pat et Manuela
Jimmy à la guitare
Ukulélé, guitares et chants


un noël convivial

Hélas, en nous rendant à la Poste pour récupérer de l’argent liquide et payer notre abonnement téléphonique Vini, nous aurons la mauvaise surprise de nous entendre dire que nous ne pouvons pas retirer de l’argent sur l’ile avec les cartes internationales. Seules les cartes locales sont acceptées, ils n'ont tout simplement pas le service Visa / Eurocard / Amex. 

 

Très mauvaise affaire pour nous car nous n’avons presque plus d’argent liquide. Nous devrons donc quitter l’ile rapidement pour nous rendre à l’ile suivante, sur Hiva Oa. On fera même du troc avant de partir pour manger des fruits frais. En expliquant notre situation financière, le producteur nous a quand même donné ses fruits en échange de 2 cordages de 5m. Un 3 brins polyester pour suspendre sa chasse, et un bout de drisse pour attacher son cheval. 


Quand on change une drisse (cordage pour monter une voile), souvent la partie au soleil est cuite, mais la partie qui circule dans le mat est de bonne qualité. On les conserve pour attacher tout et n'importe quoi car on ne peut rabouter 2 drisses pour en faire une : le noeud ne passerait pas en haut du mat.


En attendant on profite pour aller se balader dans les monts aux alentours. Cela nous permet d’observer de beaux points de vue sur la baie et sur l’ile de Hiva Oa toute proche. En chemin, nous croisons de jolis oiseaux et un oursin-crayon ramassé par des locaux sous le ponton. Nous n'avions pas osé y toucher car certains oursins en Polynésie sont très venimeux.


Ptilope de Dupetit Thouard,
localement appelé Kuku
(Ptilinopus dupetithouarsii)

idem


Oursin-crayon qui n'effraie pas du tout le petit garçon
(Heterocentrotus

Côté faune, on aura la chance d’observer des dauphins d’Electre qui sont des dauphins à tête en forme de melon d’eau, sans bec. Ils viennent tout prêt du bateau en surface émettre des sons, faire des sauts et des projections d’eau comme les baleines. Ce sera l’occasion de les suivre en dinghy dans la baie.


Dauphins d'Electre 
(Peponocephala electra) 


Côté fruits, notre rencontre avec Riton le sculpteur, nous permettra de gouter aux pommes rouges des marquises (fruit rouge un peu croquant, très juteux, sans véritable goût dont la peau a un puissant tanin rouge), aux kavas déjà dégustés à Aakapa, à différentes types de mangues et quelques ananas sauvages. Ce sera aussi l’occasion de découvrir une partie de son travail de sculpteur sur os.


Raie et queue de baleine sculptées sur os



Pommes rouges des marquises
appelée Jambose (fruit du Jambosier)
(
Syzygium malaccense)

 

Ananas sur les bords de chemin



Côté fleur, les marquises nous offrent un panel de fleurs colorées et parfumées. Dès que nous marchons nous sentons toutes ses senteurs, mais ça on ne peut vous le reproduire, faut venir nous voir :)


A chaque escale on profite de l'arrêt pour faire de petits travaux de bricolage. Hormis la coque a nettoyé à chaque fois, ce sera la réparation du câble du moteur de l'annexe avec une petite révision et entretien de notre moteur Tohatsu.



Alain dans l'atelier ouvert pour la révision du moteur Tohatsu.
Très pratique d'avoir un atelier à bord