mercredi 20 février 2019

Transatlantique

Extrait de notre carte Google
En rouge la route suivie

La grande route

Au départ de Mindelo, le 5 janvier 2019, nous faisons la queue à la station service. Le pompiste doit revenir à 15h, pause déjeuner oblige. Mais il est en retard, pas pressé en fait. Au cap vert personne n'est pressé (le slogan du Cap vert est littéralement "No Stress"). Aussi nous faisons connaissance avec 2 autres voiliers en partance pour les Antilles comme nous. 

Ce sont deux petits voiliers, avec quatre à cinq équipiers. Ils vont vivre tassés et ballotés dans 20 m2 pendant 3-4 semaines. De gros bidons d'essence et d'eau occupent le pont et les passavants (zone de circulation de part et d'autre du roof, elle permet l'accès au pont avant depuis le cockpit). C'est à ce moment que l'on réalise notre chance (ou nos bons choix) : nous avons 700 litres d'eau dans les réservoirs, et 450 litres de gasoil. Aussi nous n'avons pas besoin d'encombrer le pont avec des bidons ni de réaliser des transvasements vers les réservoirs : c'est toujours délicat en pleine mer, par forte houle...

Notre jeune équipier Bartosz, que nous avons enrôlé à Las Palmas, occupe la cabine avant, et Patricia et moi même nous occupons la cabine arrière, à l'opposé du bateau. Nous ne nous marcherons donc pas dessus. 

D'ailleurs Bartosz est discret, poli et bien éduqué. Il peut paraitre étrange d'écrire cela, pensez-vous.  La très grande majorité de nos amis & connaissances qui a embarqué des équipiers ou des skippers nous a raconté leurs histoires incroyables. Je ne parle pas de "radio ponton", je parle bien d'expériences vécues. Equipier sale (qui ne se lave pas, sent mauvais, salit les WC, tache les draps ou laisse les tuyaux bouchés, mange partout...), grognon pour ne pas dire râleur, irrespectueux, à l'occasion casseur de matériel et fainéant, j'en passe et des meilleurs. Oui, nous avons eu de la chance (ou du nez), en tout cas le contact s'est fait tout de suite et nous avons été ravis de faire la connaissance de Bartosz : il faut le dire et l'écrire.

Extrait de notre contrat type
Petite aparté sur les équipiers : nous avions préparé un contrat type, avec toutes les références nécessaires au bon déroulement du voyage. Cela permet de poser les sujets, d'échanger sur des points qui peuvent devenir litigieux par la suite. Vous trouverez notre exemplaire vierge de ce contrat en suivant le lien : Contrat Type .
(Si vous avez des améliorations à y apporter, n'hésitez pas à nous en faire part) 

Au départ de France, nous n'avions pas prévu de partager la traversée avec une tierce personne. C'est à Las Palmas que nous avons changé d'avis, en discutant avec d'autres équipages. Certes, les mauvaises expériences de chacun auraient pu nous décourager. Mais nous avons pris conscience qu'à deux, Patricia et moi, les quarts de nuit sont fatigants, surtout sur de longues périodes. 

De plus, nous n'avions pas utilisé le gennaker ni le spinaker faute de sécurité : tester en conditions réelles ces voiles nous avait paru trop aléatoire. Nous avons toutes les commandes directement dans le cockpit, et nous n'allions donc jamais faire le singe à l'avant du bateau.

Une troisième personne à bord était un choix interessant si l'on voulait tester toutes les configurations de voile du Ketch : nous avons 2 mats, donc pas mal de possibilités de voilure. A l'avant nous avons un génois lourd sur enrouleur, un étais largable pour le foc ou la trinquette, deux drisses supplémentaires (une sur tribord et une sur bâbord) pour le gennaker asymétrique ou le spinaker asymétrique. Au milieu, sur le grand mat, nous avons la grand voile sur enrouleur. Enfin à l'arrière nous avons la voile lattée de l'artimon.

Retour d'expérience : 19 jours de traversée, c'est long. La première semaine on quitte le Cap Vert et ce n'est que la seconde semaine où l'on attrape vraiment les alizés. Du coup, l'inconstance du vent de la première semaine ne favorise pas la mise en place d'une routine. On se dit que cela va être long, le temps paraît élastique du fait que l'on subit la météo. On descend vers le 14 ème parallèle lentement, et finalement on s'installe entre le 14ème et le 15 ème parallèle. Nous avons eu très beau temps durant toute la traversée, c'est à dire grand soleil et mer assez calme. Il a plu 2-3 fois, et encore cela n'a pas duré plus de 1/4 heure.

Des amis partis le même jour que nous feront une route plus au sud, entre le 12 ème et 13 ème parallèle. Leur traversée durera 19 jours comme nous (nous nous retrouverons à l'arrivée quasi en même temps). Ils auront plus de vent, mais aussi plus de Sargasses, une houle plus forte et pas très confortable. Finalement les routes se valent, si ce n'est en terme de confort.

On utilisera l'artimon tout le temps
Il nous sera difficile tout au long du voyage de faire route au 270 (faire route plein Ouest). Notre configuration de voile ne nous autorise pas le plein vent arrière, et le vent n'est pas assez Est pour utiliser le gennaker. Le Gennaker fonctionne bien pour un vent arrivant entre 80° et 150° (on prend l'avant du bateau comme référence 0°). 
L'artimon nous protège en cas de survente
Or le vent vient du Nord-Est, et une grosse houle de Nord, Nord-Est nous gêne. 
Nous choisissons le confort, car outre le fait que certaines activités sont difficiles par forte houle, (la cuisine, la pêche, dormir par exemple) c'est aussi potentiellement dangereux de se faire secouer (risque d'accident, blessures, c'est du vécu).

La première semaine on alterne donc le génois et le gennaker selon la houle et la force du vent. Le gennaker est une voile fine, elle supporte mal plus de 20-25 noeuds de vent, aussi nous la protégeons avec l'artimon en cas de survente : il suffit alors d'abattre (prendre le vent plus en arrière de nous ) et l'artimon vient masquer le vent du gennaker. Ce dernier perd alors de la puissance.



Manoeuvre de pont pour monter le gennaker
Bartosz à la manoeuvre de drisse 
et Alain à la manoeuvre de la chaussette
Avec Bartosz, nous allons donc deux fois par jour (matin et soir) à l'avant du bateau pour monter soit le gennaker soit le spinaker.

Elles ont toutes les deux une "chaussette" (sorte de gaine coulissante) qui facilite l'envoi de la voile.
Monté de la chaussette

On prépare d'abord la drisse, puis l'on monte la voile dans sa chaussette. Une fois la drisse bien étarquée (serrée), on remonte la chaussette et cela libère la voile. Magique. 

Patricia peut étarquer l'écoute depuis le cockpit quand la chaussette remonte ce qui permet à la voile de se gonfler directement et donc de bien se tenir. Le risque est que la voile se vrille autour du génois si elle n'est pas tenue.
Gennaker monté
On voit le cône de la chaussette repliée en haut de la voile

Tous les soirs on rentre ces grandes voiles afin de sécuriser la nuit. On réinstalle donc le génois monté sur enrouleur avant la tombé de la nuit. De ce fait, si le vent forcit, on peut réduire facilement depuis le cockpit sans avoir à réaliser des manoeuvres acrobatiques à l'avant et nuitamment ...

On rencontre cependant un souci du fait de la houle, mais aussi du tangon. Pour utiliser le génois par grosse houle, il est attaché avec un grand "bâton" nommé tangon. Celui-ci écarte la voile et permet de la tenir même au creux de la vague. Dans notre cas, les bas-haubans empêchent de positionner le tangon perpendiculairement à l'axe du bateau. On ne peut donc dérouler qu'au 2/3 du génois tangonné, on avance de ce fait moins vite que prévu.

Il faudra une rencontre la seconde semaine, pour envisager une autre configuration en navigation. Nous n'avons rencontré que 3 voiliers durant 19 jours. Le second, avec qui nous échangerons par VHF une bonne demi-heure en plein milieu de nulle part, navigue seul sur un Wauquiez plus moderne que le notre. Il nous encourage à utiliser le tangon non pas devant les bas-haubans mais entre ceux-ci. 

Schéma avec notre tangon
Nous n'avions pas osé le faire, car l'on avait peur de les abimer (ce sont les haubans qui tiennent le mât...). La manoeuvre est plus compliquée, car l'espace entre les haubans est étroit, et il faut entrer un tangon de 5m sans avoir oublié de fixer préalablement tous les cordages. Le tangon une fois positionné, les fixations se retrouvent 5m en dehors du bateau, donc inaccessibles. 

Le résultat est bien meilleur que nos autres configurations : le génois est alors entièrement ouvert et développe toute sa puissance. Nous gagnons en direction par rapport au gennaker car l'on peut se rapprocher du vent arrière à quasi 170° soit 20° de mieux que le gennaker.
Ce que l'on aurait aimé

On regrettera de ne pas avoir un tangon encore plus long, cela aurait permis d'avoir un angle encore plus ouvert. A retenir donc, si vous changer vos voiles comme nous l'avons fait avant le départ, penser à calculer un nouveau tangon pour le vent au portant. Vous gagnerez en cap et en stabilité.

Jusqu'à la fin du voyage, nous avons utilisé cette nouvelle configuration. La seule difficulté que cela entraine apparaît lors du changement de bord. Il faut défaire le tangon pour le passer sur l'autre coté, donc refaire toutes les attaches. Le tangon est bridé vers l'avant, l'arrière et le bas. C'est pourquoi nous tirerons des bords sur une journée avant de changer de bord le jour suivant.
Autre avantage de cette configuration, en cas de survente, le génois n'est pas attaché au tangon : l'écoute ne fait que passer au bout du tangon, on peut donc réduire la voile normalement et rapidement sans toucher aux réglages du tangon.

Les novices que nous sommes avons levé cependant un loup : si la chaussette frotte sur le pont, elle accroche les taquets et autres aspérités. Résultat : il nous faudra recoudre les chaussettes des 2 voiles. Nous nous relaierons pour la couture manuelle car l'on ne peut utiliser notre machine à coudre : le pied de biche n'est pas assez haut pour laisser passer l'épais plastique de l'anneau du bas de la chaussette.


Réparation de la chaussette


Couture de la chaussette de gennaker
et lessive de bord en même temps
= cockpit romano


Gennaker sur tribord vue depuis l'arrière de la capote
Opération de pêche : comment remonter la prise ?
Le temps est long, long et monotone. Certes il fait beau, la navigation est calme, mais il faut occuper les troupes pour garder un bon moral. Première activité : la pêche. Elle sera plus difficile à partir du milieu du voyage, car des bandes de Sargasses viendront se prendre dans notre ligne.

Première prise : une dorade coryphène

Harnais de sécurité et gilet sur le pont arrière : cela secoue il faut donc s'attacher même pour pêcher

L'hameçon se prend  dans l'épuisette,
galère pour dégager le poisson

Seconde prise : un Baliste
Baliste Capriscus, notre deuxième prise


Sa chair est ferme et gouteuse, il faut néanmoins fileter le poissons pour éviter la cuisson de la peau et de la tête qui donne un mauvais gout. C'est très difficile à cause de l'épaisseur de la peau. Comme nous avions un doute sur la bête (son aiguille dorsale est vraiment impressionnante et semble dangereuse), et que la chaire est vraiment dure à découper, nous jetterons à la mer cette belle prise.


Premier pain façonné par Bartosz
une belle réussite









Autre activité : la fabrication du pain. On en fera un tous les jours, chacun son tour. Outre les jeux de sociétés que l'on avait apportés, nous utiliserons aussi les liseuses électroniques. Patricia lira quasi un live par jour, un record.

Spectacle du soir dont on ne se lasse pas

Premier pain réalisé par Alain

Le plus beau pain, c'est Bartosz qui le réussi
Bien levé, aéré et bien cuit, bravo !

Nous avions aussi prévu une activité à mi-parcours : faire l'inventaire des stocks de vivre et d'eau. Cela nous a permis de repenser nos repas (ajuster en fonction des produits frais restants), et de pouvoir se "lâcher" sur l'utilisation de l'eau. En 10 jours, nous avions consommé 200 litres d'eau. Donc pas de restriction sur la seconde partie du voyage, il restait 500 litres.

Nous avons mangé des produits frais jusqu'au bout, la palme revenant aux pommes, citrons et oignons. L'activité cuisine a pris peu à peu plus d'importance au fil du temps. Elle permettait de partager tous ensemble des moments agréables et de faire découvrir à notre équipier polonais des plats typiques français. Les bons petits plats réalisés durant le voyage participent aussi au moral des troupes, il ne faut pas l'oublier :)

Pour les produits laitiers, nous avons découvert à Mindelo des yaourts longue conservation. On les mettait au frigo avant de les manger afin d'avoir un semblant de goût habituel. Ils ne sont pas mauvais, mais la texture est plus pâteuse. Nous en avons mangé jusqu'au dernier jour car il y en avait une soixantaine d'embarqués...

Astuce pour les poubelles : nous avons utilisé les bonbonnes de 8 litres d'eau. Une fois vide, on remplit la bonbonne avec tous les déchets non biodégradables (comme les pots de yaourt pliés, l'aluminium, les bouteilles de jus de fruit...). On remet le bouchon et on replace la bonbonne à sa place : avantage : pas d'odeur ni de sacs poubelles qui encombrent les coursives. A l'arrivée, le déstockage des poubelles est facilité même en annexe car les bouteilles sont solides.


Arrivée au Marin, Martinique
La récompense : plage de sable fin et cocotiers

Un petit bout du paradis



lundi 18 février 2019

Contrat d'équipier

Vous trouverez ci-dessous le contrat équipier type que nous avons réalisé en anglais, car souvent les équipiers ne sont pas de langue française.
Si vous avez des améliorations en tête, n'hésitez pas à partager.



CREW Contract

Crew references:

Family Name: ………….   
Surname: ………….   
Birthdate: ………….   at ………….  
Nationality: ………….   
Passport number: ………….   
Address: ………….   
Telephone: ………….   
Mail: ………….   
Person to contact in emergency case: ………….   
Boarded from:  ………….                           until: arrived in ………….   (if possible)
Place of arrival / stops: ………….   , ………….   / ………….  / ………….   

Ship references:
The ship name ………….   is a personal sailing boat prepared to realize a private world tour. ………….   is under French flag, and will follow French laws during the travel. This contract is available only for this boat and only to go to ………….   in 20………….  .

Skipper identification:
Family Name: ………….   
Surname: ………….   
Birthdate: ………….   
Nationality: ………….   
Passport number: ………….   
Address: ………….   France
Telephone: ………….   
Mail: ………….   
Person to contact in emergency case: ………….   

Other crew identification:
Family Name: ………….   
Surname: ………….   
Birthdate: ………….   
Nationality: French
Passport number: ………….   
Address: ………….   
Telephone: ………….   
Mail: ………….   
Person to contact in emergency case: ………….   


                                             Crew                                              Skipper                                                                              1/3





Agreement:
This approval is intended to prevent problems that could happen onboard, both offshore and in coastal navigation and thus to avoid them. The goal is to protect both the skipper and the team members who join him. To facilitate searches in case something goes wrong, it is advised that each person joining the board also send a copy to an appropriate person. It is wise to inform someone at home about our plans.
You take full responsibility for your decision to join us and you accept everything that might happen on our way.
There was no deal, no promise, no consideration that was not described in this approval, or the crews offer. By signing, the team member certifies that he understands and agrees that he must obey the skipper's legal orders.

Role:
You will assist the skipper in the conduct of the boat (visual and auditory watch quarter etc ...) the daily cleanliness and preparation of the ship (refueling, storage). The crews during the shifts must inform the captain of the conditions that could affect safety at sea (collision route, weather conditions, etc.). You are asked to pay particular attention to the general condition of the ship (protection of woodwork cushions, paint etc.) The goal being, when you leave the boat, it is in the same state as your arrival.
All tasks will be entirely share equitably between all members onboard.
The skipper, for his part, will ensure the smooth running of the boat, in general.

Medical:
The ship has a basic first aid pharmacy. It is strongly recommended that you take with you on board the medicines you need. However team members take full responsibility for their past and present medical situations or that may re-emerge and any health or medical problems that may occur during or as a result of this trip. The crewmembers must be sure to have their treatment for at least twice the duration of the planned trip, or possibly commit themselves to get their treatment during the trip at their own risk. The team members must indicate below any medical condition such as bad hearing, or bad vision, allergy to certain drugs, particular illness, medical treatment in progress: (specify NONE if none).

Medical insurance and repatriation is mandatory. Give the details of your insurance below as well as all contacts.

Commitment:
You certify that you fully complete, but also that you fully accept and agree with the instructions and requirements cited on this crew contract.

Passport, visas, repatriation, guarantee:
Team members must have a valid passport and the necessary visas. Some immigration services want proof that crewmembers or passengers of a yacht are able to return home on their own, or leave the country (other than by boat) to another country where they have full right to Entrance. The crew members are responsible for their travel costs and must understand that they will be asked in the case of embarkation on board for offshore sailing to provide proof of creditworthiness (return ticket with cancellation insurance) by boarding or depositing a guarantee in person (cash or bank check) from the skipper, who hereby undertakes to return the full amount to your port of landing. The guarantee is equivalent to the amount of a return ticket at the fare farthest from the trip.

Insurance:
On the one hand, I accept that medical treatment and medical evacuation is my financial responsibility. On the other hand, I recognize the importance of travel insurance DISEASE and REPATRIATION and assume the compulsory subscription before boarding. CANCELLATION insurance for your airline tickets is highly recommended. I agree to seek medical assistance 

                                             Crew                                              Skipper                                                                              2/3




if the skipper deems it necessary for me and will take full financial responsibility. Similarly, it should be noted that the insurance of the ship is a basic RC and does not cover the theft of your belongings that are therefore the responsibility of the crewmember.

Swimming certificate:
In navigation, the possibility of falling overboard is always present. In the event of a fall at sea, the possibility of swimming at sea is crucial then for your survival.
I certify by signing this contract that I can swim comfortably: at least 100 meters in a moderate sea.

Interruption of the trip:
You also understand and agree that you will be responsible for all your repatriation costs if you are asked to leave the boat for any reason including reasons of inappropriate behavior, incompatibility with the crew, illness, or inability to perform the necessary tasks, which, in the opinion of the captain, would endanger the smooth running of the boat. However, in this case, the skipper will take all reasonable steps to land you in an accessible port along the planned route, from which you can arrange your trip.

Costs:
You agree that your participation represents your own approved cost share. A cash register will be set up for food and diesel unless special conditions are added in writing at the end of the contract.

Declaration:
I, ………….   , the undersigned, have completed the attached details in full and honestly, and accepted the information quoted.
I take full responsibility for the necessities and costs related to my entry and exit in the countries visited by the boat.
I agree to share all the work on board, to obey the orders that will be given to me regarding the running of the boat, the operation of the boat, navigation.
I am aware that there are risks that I will have to face during this trip, and I take full responsibility for my decision to join the crew.
I do not have or will not have illegal drugs, no weapons in my possession, no illegal traffic.
I recognize that the cabin put at my disposal on board is empty, except for the navigation equipment present on the second berth (full sailing game).
 I will declare in writing any conviction received in any country concerning drug or weapons problems. I will not carry any package or luggage for third parties on the boat without asking permission from the captain.
If the skipper is held responsible for getting me out of trouble, in case I have transgressed local laws or customs, I agree to reimburse all costs incurred and compensate him for the time lost for each day of delay that my action would have caused. I will learn the location and operation of all safety equipment on board. I know and agree that sailing involves significant personal risk including serious injury and / or death.
I or my heirs, parents, legal representatives, successors and assigns, in consideration of my free acceptance as a crewmember - crew member on the vessel - hereby waive any suit and / or claim that I may have or that they may have against the skipper and that would come or be connected in any way with my crew, and keep the skipper and their property safe from all consequences.

Important:
The laws in force at the ship’s homeport will govern this approval: this means French law, as ………….   is registered in ………….   in France.


                                             Crew                                              Skipper                                                                              3/3

vendredi 1 février 2019

Cap Vert : Mindelo

Capo Verde : Ilha Sao Vicente

Drapeau du Cap Vert
Nous quittons l'ile de Sal avec regret, direction l'ile de Sao Vincente. Je dis regret, car l'ile de Sal nous avait dépaysé ; on y avait senti une ambiance d'Afrique et un parfum d'aventure. Prendre le minibus collectif aussi appelé "collectivo" en Amérique du Sud, c'était déjà mettre un pied dans un autre univers. Ici rien d'aseptisé, tout est brut, poussière, sourire et soleil.

Nous voulons réveillonner à Mindelo où l'on sait qu'il y a une marina confortable. La ville permettra de refaire l'avitaillement complet avant la grande traversée de l'Atlantique qui nous attend. Avant de partir, nous passons au poste de police maritime faire tamponner notre sortie. La formalité est rapide et l'accueil sympa.

Le départ est donné dans la matinée, nous permettant d'arriver le lendemain matin à Mindelo tout en profitant d'une petite visite de l'ile de Sao Nicolau. La sortie du port est encore un peu chahutée, et l'on prend une nouvelle fois les vagues de travers pendant 2-3 heures. Malgré un vent soutenu, le bateau roule, roule : nous avons choisi une route vers le sud-Ouest et le vent établi vient du Nord.

Plage de sable volcanique au fond de l'anse de Carrical
(Cliquer pour agrandir les photos)

Mais cela vaudra le coup. L'arrêt à Carrical sur l'ile de Nicolau nous fait  découvrir une anse nichée dans une faille volcanique. Au fond, une vallée verdoyante contraste avec le paysage désertique des alentours.
L'ancre est mouillée, mais il y a du fond et l'on sent que l'ancre dérape doucement. Un vent de 20-30 noeuds nous pousse vers le large petit à petit.
On aura cependant le temps de descendre à terre, pour avoir le plaisir de marcher sur le sable chaud. 
Nous savons qu'il y a un français installé ici. Il n'est pas là lors de notre visite, aussi nous parcourons le tour du village juste pour le plaisir des yeux. Après un repas à bord, nous repartirons vers Mindelo

Belle navigation de rêve, à l'abri de l'ile nous ne sentons pas les vagues. Le gennaker est sorti, le bateau file bien plat sur une eau sombre. Le soleil brille, notre gennaker coloré nous procure une ombre opportune : ce sera une après midi de farniente en longeant la côte sud de l'ile.

La nuit est calme, et l'on arrive à Mindelo comme prévu en début de matinée.

Arrivée à Mindelo vue depuis le cockpit

Unavoq au ponton flottant
Balade sur les pontons flottants
On avait beaucoup lu sur Mindelo avant d'y venir, notamment du fait que ce serait notre dernière escale avant la Transatlantique. On savait pouvoir trouver de tout : eau en bouteille, conserves, fruits frais, produits laitiers...

On avait aussi lu que la marina était chère, et aussi "rouleur" que le mouillage gratuit. Beaucoup n'y trouvaient aucun intérêt. Pour nous, ce fut le contraire. Certes les pontons flottants bougent beaucoup, mais cela à un énorme avantage : on conserve notre amarinage. Du coup nous ne serons pas malade lorsque nous reprendrons la mer une semaine plus tard. Et puis il faut le dire, quand cela bouge, ce n'est pas non plus énorme, et le ponton est confortable. C'est un vrai confort que de pouvoir monter à bord sans se mouiller, sans avoir besoin de se rincer du sel qui inévitablement vous colle.

Se rincer du sel ? Voila une astuce qui permet de conserver des draps de lit sec. Si vous n'y faites pas attention, au bout d'une semaine le coton est imbibé de sel et conserve alors l'humidité. On dort donc moins bien...

Le ponton favorise aussi les contacts. Nous y rencontrerons Philippe et ses 2 équipiers sur le départ, et passerons une bonne soirée ensemble.

Le Bar en bout de ponton
Notez que l'eau se paye à la consommation par tranche de 100 litres. Ici, elle provient uniquement de la désalinisation d'eau de mer car il ne pleut pratiquement pas.
La marina est propre, les douches aussi, et les magasins livrent directement au bateau. C'est pratique quand il faut apporter 100 litres d'eau en bouteilles de 5 et 8 litres.

Un bar / restaurant est installé devant la capitainerie, belle vue sur la baie et les mouillages. C'est un peu cher pour les repas (environ 2 fois plus cher qu'en ville), mais boire frais à l'ombre et sur l'eau est vraiment reposant.



Vue très très cool
depuis le bar/restaurant de la marina
Accès aux annexes des personnes au mouillage
juste devant le bar
Espadon en sculpture sur le bord de plage
devant la marina
Marché au poisson
La ville est très animée, les gens accueillants. On adore le marché aux poissons où l'on achète du thon frais (5 € le kilo). Le poisson est frais, fondant et gouteux. On achètera aussi des conserves de thon réalisées au cap vert. A notre goût, elles sont bien meilleures que celles que l'on trouve habituellement en France (moins sèche et moins compacte, plus onctueuse).

Le marché aux légumes nous permettra aussi de trouver du frais. Cependant, pas facile de trouver :
- des poivrons rouges / Jaunes (ici la plupart sont verts)
- des ananas / des oranges / des pommes (non réfrigérées)
- des radis
Mais avec un peu de patience et de bonnes chaussures, on arrive à tout trouver :).

La seule chose que l'on ne trouvera pas c'est comment remplacer une de nos Kobo (liseuse électronique) qui vient de rendre l'âme. Il faut dire que l'on s'est assis dessus, le cockpit étant parfois un vrai chantier quand l'on ne range pas... Sur un bateau, il faut toujours ranger, sinon on a de la casse. Un coup de vent, une vague plus grosse, on glisse, on se cogne, on perd une fixation qui part à la mer... Pourtant on a un cockpit central, bien protégé, où théoriquement rien ne peut sortir. Heureusement, nous avions embarqué 2 liseuses à bord. L'électronique est toujours doublé, car c'est sensible au sel à l'humidité et à la poussière. 

Notre Barographe
On a beaucoup de chose en double ou triple d'ailleurs : 3 ordinateurs (avec des OS différentes), 2 VHF (dont une portable), 3 lecteurs de cartographie (2 sources de cartes différentes), 5 GPS, 6 lampes torches, 4 baromètres (dont un barographe, cliquer sur le lien pour accéder à l'article sur le sujet), 4 horloges électroniques, 2 anémomètres, 2 montres (dont une de précision pour les calculs utilisant l'heure universelle), 2 sextants (dont un de précision), 2 téléphones par personnes, 2 chargeurs pour chaque appareil, 3 sources d'énergie (moteur, générateur, solaire)...  la liste est encore longue. 


Réveillon au bar de la marina
Pour le réveillon, le bar de la marina de Mindelo ferme. Mais un couple de jeunes navigateurs a la bonne idée de négocier la possibilité d'utiliser le lieu pour que tous les navigateurs puissent diner ensemble.
Bingo, le bar accepte et nous laisse carte blanche et électricité aussi. Du coup nos jeunes font le tour des bateaux et tout le monde joue le jeu. Chacun apportera quelque chose à manger ou à boire et donnera 1 € pour payer le gardien durant la soirée.
Rendez-vous réussi, le bar devient un lieu de rencontre très actif. La fête se termine par un feu d'artifice de la mairie et une virée en ville où une grande estrade produit des musiciens de talents à profusion jusqu'au petit matin.

Départ de Philippe pour la traversée
(une de nos rencontres amicales sur le ponton)
Nous assistons ensuite aux départs des voiliers les uns après les autres durant la semaine. La météo est bonne, nous décidons de partir en fin de semaine.

C'est la grande aventure, celle où l'on ressent un pincement de coeur avant de s'engager. Le bateau est solide. On le pense bien préparé. Cela fait 4 mois que l'on est parti et que l'on navigue avec en continu. On a confiance, mais il y a toujours ce petit rien qui n'est jamais certain. La traversée est estimée pour une durée de 16 à 20 jours. C'est bien long, et au milieu on sera à plus de 2 000 km des côtes.


Une partie de l'avitaillement pour la traversée
L'avitaillement nous prendra 2 jours. Les magasins du port nous livrent au bateau pour le plus lourd : l'eau et les boissons. On prendra en plus de nos 700 litres de réservoir d'eau, 90 litres d'eau en bouteilles et 40 litres en bidons souples.
Une autre journée sera nécessaire pour tout caler, ranger et s'y retrouver... Nous avons pris la précaution de ne pas prendre de carton à bord, car il existe toujours un risque d'embarquer aussi des oeufs de cafards avec ! C'est du vécu par des amis voyageurs.



Nous partirons vers 16h le samedi 5 janvier, après avoir rempli le réservoir de 450 litres de gasoil détaxé. La station d'essence nous fait signer un papier pour bénéficier de la détaxe. Prix du gasoil ; 88 centimes d'Euro le litre. C'est plus cher qu'à Gibraltar où nous avions payé 48 centimes d'Euro le litre, mais rien à voir avec les tarifs Français. Heureusement, car le budget pétrole en prendrait un coup.

Au moment où nous écrivons ces lignes, nous sommes arrivés en Martinique, baie du Marin, où nous avons mouillé l'ancre depuis une semaine. Nous avons traversé l'Atlantique en 19 jours.