mardi 26 avril 2016

Comment choisir sa monture ?

Ne connaissant pas grand chose aux voyages au long cours, nous avons décidé instinctivement d'aller à la rencontre des marins, de visiter les voiliers d'occasion.

Première étape, se familiariser avec le vocabulaire. Etais, artimon, trinquette, cadène, galhauban, guindeau, baille à mouillage, crash box ... les termes barbares ne manquent pas.

Lors des visites, on se fait expliquer les avantages / inconvénients des différents équipements, comment observer leur état, leur coût en installation à neuf... etc...

De façon naturelle, Patricia discutait avec la femme du propriétaire pendant que moi je discutais technique avec monsieur (et / ou l'intermédiaire). Macho ? Un peu probablement, mais il nous est apparu rapidement que deux visions complètement différentes se présentaient à nous :
  • Les propriétaires (très souvent des hommes), aimaient nous présenter leurs équipements techniques, le fonctionnement des outils, leurs astuces...
  • Les compagnes (très souvent petites mains à bord), aimaient présenter à ma femme le coté pratique (ou pas) des installations, parler de vie à bord, commodités...
On finissait ensuite autour d'un verre par une discussion généralement axée sur l'expérience de nos hôtes. De notre coté, nous avions un budget, une expérience pour monter des voyages à vélo ( descente de la Loire en tandem, traversée de la Bretagne Est-Ouest et Sud-Nord) ou organiser nous même des voyages plus lointains (grimpes au Groenland, en Mongolie, Pérou, Bolivie, Alaska...). 

Aussi les échanges duraient généralement plus d'une heure, et l'on débordait allègrement sur les horaires ce qui nous mettait en retard pour les rendez-vous suivants au grand dam de Patricia :)

Ce que nous avons retenu : un voilier se choisit en fonction du programme de navigation prévu. Pour nous ce sera un TDM (Tour Du Monde), donc :
  • Grosse capacité en eau & carburant
  • Solidité de la structure
  • Manoeuvrable à 2 (car nous serons le plus souvent 2)
  • Confortable, notamment grande hauteur sous barrot car je mesure 1m85...
Deuxième étape, dépouiller les données récoltées le soir en rentrant (souvent bien fatigués de nos visites et des kilomètres parcourus). Dès les premières visites, nous avions compris combien il était difficile de comparer des voiliers. Les coûts ne peuvent pas se comparer facilement, car beaucoup de paramètres entrent en jeu, et notamment la vétusté de certains équipements.

Nous avons alors créé un tableau, avec une colonne comprenant tous les équipements qui nous intéressaient. Chaque bateau visité a été reporté dans une colonne adjacente, avec :
  • Un code couleur rouge si l'équipement manquait
  • Un code couleur vert si l'option était interessante mais non voulue
  • Dans chaque ligne, un montant correspondant à la valeur de l'équipement
Les valeurs que nous avons retenues :
  • voilier nu => valeur sur Internet du bateau le moins équipé de la même catégorie
  • équipement manquant => valeur du prix du neuf
  • équipement présent => valeur de la moitié du prix du neuf
On fait l'addition : valeur nue + équipements présents + équipements manquants

Troisième étape, partager le ressenti sur chaque visite.

Je mets cette étape ici, car il faut des éléments objectifs pour comparer des voiliers qui sont tous différents. Bien entendu, chacun de nous doit avoir un droit de véto. Nous allons vivre plusieurs mois à deux dans un espace réduit, il faut donc se sentir bien à bord.

Je me rappelle avoir visité un très beau dériveur lesté très bien équipé, mais dont les propriétaires dormaient séparés faute de place dans les cabines. Patricia avait posé la bonne question à madame, du coup véto.
Inversement, la visite d'un beau voilier bien entretenu avait plu à madame, mais la conception "cheap" le faisait plus ressembler à une caravane flottante qu'à un voilier hauturier, du coup véto de monsieur.

Dernière étape, la négociation.

Au vu du grand volume du marché de l'occasion, nous n'avons pas hésité à proposer nos propres prix. Comme nous avions le temps de monter notre projet (nous nous étions donnés 2 ans) et que le coût de l'anneau est assez cher, le temps jouait en notre faveur. Avec l'aide de notre tableau, nous avions des arguments factuels.
Nous avons donc fait une proposition pour un Amphitrite 43, car ce bateau a été un vrai coup de coeur partagé. Comme le modèle nous avait plu, nous avons recherché en parallèle tous les Amphitrite à vendre. Il y en a eu 138 de fabriqués et une dizaine était en vente.

Nous nous sommes même déplacés à l'étranger pour en visiter un. A cette occasion, nous avons pu naviguer un peu sur ce modèle. Pas de chance, ce jour là le bateau roule, on est malade tous les deux et le moteur tombe en panne lorsque nous rentrons au port. Manoeuvre d'urgence, on vire, mais l'ancre se coince alors que les rochers approchent, on dérive face au vent... je cours débloquer le guindeau : l'ancre est trop longue pour le davier et coince sous l'enrouleur de génois. Mauvaise impression pour ce premier essai...

On aurait pu arrêter notre projet sur cette expérience malheureuse, mais nous avions été si bien reçus que l'épisode n'a pas été assez traumatisant pour abandonner. Nous sommes peut-être inconscients, mais quand on parle de rêve, on ne voit que les bons cotés. Et pour moi, le coté "humain" du projet représente sans doute le point le plus important. Après tout, nous pourrions traverser l'Atlantique à la rame, dans des conditions spartiates. Ce n'est pas notre choix, mais d'autres l'ont déjà réalisé.

Coup du sort, juste avant de faire une proposition pour un second Amphitrite, je détecte une annonce sur Hambourg pour un autre bateau. L'annonce est en allemand, pour un bateau situé en France. Nous rentrons en France un vendredi soir vers minuit, puis je repars seul en covoiturage à 6h du matin direction Port Grimaud. Le prix est intéressant et le bateau bien entretenu. Ce sera le seul bateau que Patricia n'avait pas visité. Zut. On fait un skypé ensemble pour débriefer le soir, au prix proposé nous ne devons pas trop tarder à nous décider.

Après 6 mois de visites dans tout le sud de la France, rodés aux estimations et sachant ce que l'on recherche, nous sommes prêts à nous décider de faire une folie : acheter un bateau de 13 m pesant 13 tonnes.


Nota (ajouté après 8 mois de voyage) :

Nous avions vu que beaucoup de voiliers de grand voyage étaient des Ketchs. Dans les années 80, c'était le choix par excellence pour les TDM. Aujourd'hui ce n'est plus le cas, seul Amel continue à en produire en France (2019). Wauqiez a arrêté sa production. Le constat que nous pouvons faire est le suivant :

- Un Kecht possède des mats moins haut qu'un voilier de même taille mono-mât. C'est un avantage dans le gros temps et dans le réglage des voiles car le bateau supporte mieux les surventes et est plus équilibré. Cela fait aussi une voile de plus à gérer, mais en réalité l'artimon encaisse beaucoup de chose sans avoir à le re-régler. Sur Unavoq, l'artimon n'est pas modifié jusqu'à 25 nds de survente. Ensuite on met un ris.

- L'inconvénient d'un Ketch, ce sont ses 2 mâts car cela implique un surcoût : 2 gréements au lieu d'un, une voile de plus, des drisses supplémentaires à changer. Pour Unavoq, cela nous à couté 1500 € la voile d'artimon à changer. Peu importe la taille des voiles, c'est plus leur nombre qui compte.

- Aujourd'hui, sur les voiliers modernes les carènes sont plus performantes. Cela signifie qu'ils vont plus vite et peuvent échapper au mauvais temps (en théorie). De même les catamarans sont plus confortables. Mais qu'en est-il de la solidité ? En 8 mois, 3 de nos amis voileux ont eu des soucis de safran suspendu, un a du changer ses haubans (fissures), 2 ont déchiré leur grand voile (survente), un a de l'humidité récurrente (mauvaise conception de l'aération)... la liste est encore longue. 

On peut en déduire qu'il vaut mieux un voilier de conception ancienne mais solide, bien entretenu, et à un prix abordable, qu'un voilier neuf, moderne, qui même à petit prix revient 4 fois plus cher au final.

Si c'était à refaire, nous rechercherions un ketch, avec une carène plus performante certes, mais non moins solide. Quant au gréement, nous avons découvert les cat-ketch : c'est un Ketch gréé avec des wishbones comme une planche à voile. Avantage : encore plus facile à manoeuvrer, et ne possède que 2 voiles en tout et pour tout ! Exit les spinaker, gennaker, trinquettes et autres yankees.

En voici un exemple que nous avons rencontré : voilier Convergence de Wyliecat. Ce voilier moderne qui aura quand même 15 ans en 2019, a deux mâts carbone fixés dans la coque (pas de hauban). Il a le confort d'un catamaran car tout est de plein pied : c'est assurément une conception qui a de l'avenir. Petite cerise sur le gâteau : il fait des moyennes de 17 noeuds sur les grandes traversées, cela laisse rêveur.

Voilier Convergence rencontré aux Saintes


Nota (ajouté après 3 ans de voyage)
:


Après 3 ans de navigation et la réalisation d'un demi tour du monde à la voile, nous pouvons dire que nous avons maintenant une expérience réussie. Celle-ci est en grande partie due au choix de notre premier voilier. Nous nous sommes toujours sentis en sécurité à bord, malgré des mers parfois chahutées et notre inexpérience de départ. Les manoeuvres de pont étaient réduites au strict minimum car tout pouvait se faire depuis le cockpit central bien protégé. 

Aussi, rassurés par ce succès, nous sommes prêt à évoluer vers un autre projet de navigation, non plus sur un monocoque mais à bord d'un catamaran. Nous avons ainsi vendu notre Amphitrite à Tahiti, pour acheter un Nautitech 44. Pourquoi diable un catamaran ?

Le bilan de notre périple montre que le ratio temps de navigation / temps de mouillage est de l'ordre de 13 / 87. La navigation représente donc moins de 15% du temps du voyage ; nos escales sont longues afin de profiter pleinement de ce voyage inespéré. Fort de ce constat et de notre expérience, nous avons évolué dans notre philosophie de navigation : l'option qualité de vie au mouillage nous semble un point essentiel, tout en conservant un navire aux qualités marines reconnues. 

Certes le prix d'achat est conséquent (compter 3 fois le tarif d'un monocoque), mais c'est notre maison de tous les jours, aussi l'investissement peut se justifier. Avec la Covid, les temps sont plus qu'incertains ; nous vivons une époque historique. Au niveau mondial, la planche à billets a fonctionné à plein régime pour payer les entreprises à l'arrêt. Quid de notre épargne à la banque ? 

Comment choisir un catamaran ? Le graphe ci-dessous résume le découpage du marché en fonction des constructeurs et de 4 critères : Performance, Simplicité, Confort et Qualité. Nous ne voulions pas un navire de course spartiate ni une caravane flottante. Nautitech et Catana correspondaient bien à nos attentes de confort et de qualité. C'est le prix et les offres du marché restreint en Polynésie qui nous ont dirigé vers un Nautitech 44.






 




vendredi 1 avril 2016

404


Ah non, par ici vous êtes perdus
dans le triangle des Bermudes...

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