mardi 11 juillet 2023

Wallis et Futuna


Le drapeau officiel


Escale impromptue 

S'il est de ces événements imprévus dont on n'attendait pas tant, c'est bien notre escale à Wallis.
En effet, poussés par le vent aux iles Samoa, nous avons découvert que les iles Wallis et Futuna étaient sur notre route en direction des Fidji. Nous ne pouvions pas passer à côté sans s'arrêter sur ces iles françaises à l'autre bout du monde...


Notre traversée fut quelque peu mouvementée. Les alizés n'étant toujours pas établis, les traversées d’île en île sont souvent chahutées en ce moment. Le vent n'est pas constant et la mer de ce fait est agitée avec des vagues croisées. Le manque de vent la première nuit et la matinée suivante nous a conduit devant l'île de Wallis à la nuit tombante. Nous avons donc attendu le lever du soleil pour franchir la passe d'entrée. Hélas la nuit devant l’île fut pénible avec des pluies abondantes, un vent à 30 nœuds et un océan très énervé. Bref une nuit comme on les aime sans beaucoup dormir à faire des ronds dans l'eau.


Vue de la passe d'entrée Sud
Au lever du soleil nous nous engageons dans la passe avec toujours du vent et des méchantes vagues croisées. Dès l'entrée le bateau est immédiatement ralenti. On passe de 6 noeuds à 2 noeuds. On sent le bateau ralentir à cause du courant de face mais Alain à la barre retient bien le bateau contre la dérive latérale et au fur et à mesure Unavoq franchit lentement la passe heureusement courte mais droite et l'on se retrouve à l'intérieur du lagon.

Quelle tranquillité ! Malgré la pluie toujours présente et 20 noeuds de vent, le lagon agité nous semble paisible.

Au mouillage, soleil et nuages noirs

A notre entrée dans le lagon, nous sommes accueillis par Michel à la VHF qui nous souhaite la bienvenue et nous informe qu'il prévient les autorités locales de notre venue. Il habite juste en face de la passe et veille 24h/24 à la sécurité des bateau en mer (veille du canal 16).

Nous remontons en suivant les balises jusqu'au mouillage dans la baie de Mata Utu. Nous ancrons dans 7 mètres d'eau (attention il y a une marée de 1,20 mètres et interdiction de mouiller au Sud du Wharf à cause d'un cable sous marin).

Là, nous recevons un appel à la VHF des autorités nous informant qu'ils nous attendent au Wharf (ponton en béton du port principal).

Nous partons en dinghy et sommes accueillis chaleureusement par la police portuaire et la douane. C'est un bon moment d'échanges d'information et de pratiques pendant que nous remplissons les formulaires demandés et fournissons les documents nécessaires. La clearance est gratuite comme partout en France pour les navires français. Il n'y a pas d'octroi de mer ou de taxes d'importation pour notre voilier, on peut donc rester autant de temps que l'on désire. 
Pour rappel, en Polynésie la "papétisation" d'un montant de 7% de la valeur du bateau est nécessaire pour rester plus de 2 ans, et en Martinique l'octroi de mer est de 10% si l'on veut rester plus de 18 mois.

Nos premiers pas sur l'île nous amènent à la poste qui seule gère le réseau téléphonique nommé Manuia. Nous avons payé 5000 XPF pour la carte Sim et 5000 XPF pour seulement 3 Giga. Autant dire un service extrêmement cher (80 €) et qui en plus ne fonctionne pas très bien (dès le lendemain service interrompu toute la journée). En fait, l'ile n'a que 2 revenus : les frais d'import sur les marchandises et les forfaits de téléphone.

Cela met en joie Alain...

La poste possède un bureau philatélie, avec 200 abonnés du monde entier,
et l'un des 2 distributeurs d'argent liquide de l'ile

Nous poursuivons notre visite par un tour des magasins d'alimentation qui sont situés à l'extérieur du centre ville. Heureusement les Wallisiens sont conviviaux et vous prennent en stop très facilement. Il n'y a pas de taxi à Wallis.

Dans ces magasins nous retrouvons une alimentation bien française avec notamment un boucher et un boulanger. On se fait plaisir avec du bon pain, un bon morceau de Comté et des tartelettes aux pommes.


Rencontres et visite de l'ile


De retour au bateau Alain contacte Jean Gabriel, un radio amateur habitant sur l'île de Wallis que nous avions rencontré sur les ondes HF. Le réseau des radio amateurs est présent dans quasi tous les pays, y compris les iles et les endroits les plus inaccessibles comme l'Antarctique. 

Ici l'antenne rotative de Jean Gabriel.
Pour l'orientation, il déplace un poids relié par un fil de pêche à l'antenne.

Jean Gabriel nous propose de venir nous chercher dès le lendemain matin au quai.

Emilie et Jean Gabriel avec le beau bouquet de fleur de leur jardin
(gingembre torche et oiseaux du paradis)

Bouquet aux couleurs d'Unavoq

Gingembre torche du jardin
(Etlingera elatior rose)

Orchidée, probablement un hybride de la famille Renanthera 

Nous faisons ainsi connaissance avec cette famille de Toulouse venue travailler pendant 2 ans à Wallis. Nous passons de très bons moments ensemble à partager nos aventures. Ils nous permettent de bénéficier de leur inestimable connaissance des richesses de l'île et de ses habitants.

Le dimanche suivant nous partons les rejoindre sur un motu au nord ( îlot Nukuteatea) où nous retrouvons également plusieurs familles françaises venues travailler à Wallis. Un bon moment convivial autour d'un barbecue improvisé sur la plage.

Les enfants sont au paradis :)


Voilier Cannelle à Wallis

Le lendemain nous décidons de rejoindre Miguel et Faouzia du bateau "Cannelle", nous les avions rencontrés aux Samoa.

Unavoq II est déplacé dans le Sud, après la passe d'entrée devant le motu Nukuatea (îlot des lépreux). Dès le lendemain matin, la police et la douane arrivent en bateau et accostent Unavoq II puis Cannelle. Ils profitent de l'occasion pour faire un exercice réel de contrôle des bateaux.

Il n'est pas possible de passer entre les 2 iles,
ce que l'on ne voit pas au raz de l'eau, ni sur la carte.
Le point blanc à gauche en haut est l'emplacement du mouillage.

L'après midi, nous partons découvrir l’îlot Saint Christophe (petit îlot juste à côté du précédent). Nous sommes seuls et montons jusqu'au belvédère situé au sommet. C'est l'occasion pour Alain de sortir le drone.

L'escalier pour y accéder se trouve à droite de la plage,
pas très visible à marée haute

Le panorama est splendide.
Bel îlot, seul le drone rend bien l'ambiance insulaire

Le saint bien habillé

Point de vue du belvédère

En haut, le monument dédié au Saint

Le lendemain, invités par Jean Gabriel, nous changeons de mouillage et rejoignons la baie de Halalo derrière le petit port pétrolier. Ce mouillage nous permet d'accoster près du club de plongée où nous pouvons laisser le dinghy en toute sécurité.

Nous partons avec Émilie pour un tour en vélo d'une partie de l'île (du nord vers le sud, par l'ouest). Le tour de l'île mesure 42 km, soit une balade d'environ 21 km.

De nombreuses églises ponctuent notre parcours

La route est assez belle et entretenue,
noter le baton à portée de main
pour prévenir d'éventuelles attaques de chiens.

L'architecture d'église à Wallis 
me fait penser aux jeux de construction de mon enfance :
un peu à la mode " naïf " pour enfant.

Souvent de grandes statues dominent le parvis

Si les façades sont travaillées, le reste n'est pas entretenu


Un bon moment convivial qui nous a permis de découvrir la partie sauvage et inhabitée de l'île, des églises  assez atypiques et notamment de rejoindre le lac Lalolalo. Ce lac formé dans le cratère d'un ancien volcan a une profondeur de 80 mètres et un diamètre de 400 mètres.

Le lac Lalolalo situé au fond d'un ancien cratère

De retour dans la baie de Halalo, nous terminons la soirée à bord d'Unavoq où Jean Gabriel et les enfants nous ont rejoints pour le couché du soleil.

L'équipée fantastique

Belles du soir
Il y a une marrée d'environ un mètre qui découvre le fond de sable

Quelques jours après, nous repartons en vélo rejoindre la ville de Mata Utu. L'occasion de terminer ce tour en vélo de l'île. Nous avons perdu l'habitude de marcher depuis plusieurs mois, nos muscles sont atrophiés et ce petit tour de 20 km sera encore douloureux pour nos muscles et nos articulations.
 
Encore des églises insolites sur notre parcours, notamment cette église en forme de pièce montée assez surprenante, et plus surprenant encore, la rencontre dans un magasin d'une couturière avec sa machine à coudre en panne qu'Alain arrivera a dépanner.  Des aventures comme on les aime.

Le style pièce montée, toujours surprenant

La place centrale de Mata Hutu
avec sa cathédrale

Ici le palais du roi
Les rencontres insolites, c'est aussi ce groupe de musiciens nous offrant un concert gratuit au club de plongée de Halalalo un samedi soir. 

Un air des tropiques

On aime la haie de cocotiers le long de la route (du paradis ?)

Lors de nos derniers jours à Wallis, nous avons été nous promener au Fort Tongien et à la résidence de Talietumu (dernier vestige d'un fort érigé autour d'une résidence fortifié)

Il ne reste pas grande chose du fort lui même


Puis au mont Lulu Fakahega et le mont Holo où nous avons assisté à un entrainement de Cricket ( jeu traditionnel Wallisien légèrement différent de celui des anglais et qui se joue avec une balle en bois).

Tour du mont Holo sur une belle piste en latérite

Le "cricket" local, avec de grosses battes en bois

Sur le banc des spectateurs

Gatu d'une quinzaine de mètres

En Polynésie, le "Tapa" est le nom sous lequel on désigne couramment l’étoffe végétale fabriquée à partir de la sous-écorce du mûrier à papier (arbuste de son petit nom broussonetia papyrifera). Ici le "Gatu" à Wallis ou  "Siapo" à Futuna, a des dimensions plus importantes : c’est un cadeau traditionnel apprécié dans les grandes circonstances, il sert de couverture ou de linceul.


Activité familiale par excellence

Le club de voile

C'est la première fois que l'on voit certaines espèces marines.

Raie pastenague à taches bleues
(Taeniura lymma)


Tête de corail violette
(Acropora digitifera)

Cérémonie locale

Nous aurons aussi l'opportunité en ce 29 juin 2023 d'assister à la fête coutumière de Saint Pierre et Saint Paul au nord de Wallis, dans la paroisse de Hihifo

Officiels en tenue de cérémonie

Les offrandes : des gros cochons grillés

Le parterre des officiels

Tout les poteaux sont recouverts de feuilles de palmes

En face des officiels,
ceux qui officient lors de la cérémonie du Kava

Prestige de la coutume d’Uvea (nom de l’île de Wallis) et Futuna, cette célébration représente le partage du breuvage à base de la plante de Kava. Le kava royal n’est préparé qu’en présence du Lavelua, roi de Wallis.

Pendant la cérémonie, tous sont assis, seuls restent debout les officiers de la chefferie qui veillent à ce que personne ne dérange la cérémonie. Le silence est la plus grande marque de respect pendant que le Kava est préparé. Le maitre de cérémonie, appelé en langue locale, Molofaha, est le seul à parler. C’est lui qui donne les directives aux hommes qui préparent le breuvage. Tout cela se fait selon un protocole coutumier ancien, qui se transmet oralement.

On adore les jupes multicolores

Une fois le kava prêt, le breuvage traditionnel est servi dans des demi-noix de coco. Le maitre de cérémonie respecte un ordre protocolaire, ainsi la toute première coupe est offerte au Lavelua, et la dernière au Préfet, administrateur supérieur et représentant de l’Etat Français.


Plus de cinquante cochons, nattes et tubercules, et 3 arbres décorés d'étoffes.
Ces dons ont été répartis entre toutes les autorités et les invités présents à la cérémonie.


Banquet royal gratuit à 10h du matin

Miguel, du voilier copain Cannelle


Certains cochons atteignent les 300 kg

Le coté des spectateurs

Officiels assis sur un gatu devant le trône du roi que l'on devine à gauche

Le roi (à gauche) et sa clique qui suit

Les dances des femmes se font en position assise,
surtout avec les mains.
Notez les billets attachés dans les cheveux, ils sont donnés par les spectateurs.

Notre license de radio amateur local, très recherchée sur les ondes du monde entier.
On fera beaucoup de contacts radio le soir au coucher du soleil.
De FO4AE & FO4AF, on devient temporairement FW1AD & FW1YL.
FW étant l'indicatif de Wallis et Futuna.



Bye Bye Wallis, photo prise dans la passe en sortant.

On parcourt la passe sans le pilote afin d'être plus réactif  à la barre.

Nous écrivons ces lignes depuis les Fidji, où nous sommes arrivés sans encombre début juillet.