lundi 29 mai 2023

Traversée vers les Samoa

 

Logo de la marque allemande
de notre spinnaker

Escale imprévue 

Après avoir tant attendu la bonne fenêtre météo (15 jours), voilà enfin le moment du départ.


Toutes voiles dehors


C’est sous un soleil splendide et une mer calme que nous quittons le mouillage de Bora Bora. Nous avons choisi une route Ouest, Nord-Ouest, qui passe au dessus des iles Cook (notamment Aitutaki et Palmerston). Nous n'avons pas choisi la route Sud, trop chahutée actuellement. Plusieurs voiliers ont emprunté cette dernière et ont eu des vents à 40 nds... sur une mer démontée.


Notre parcours en jaune,
on visait Niue par le Nord.

Sur la vingtaine de voiliers partant vers l'Ouest, ceux qui ont eu plus de chance ont pris une route encore plus au Nord en passant par Suvarrow (Nord des Cooks). Certes il faut de la chance, car nous sommes mi-mai, et l'ile est interdite jusqu'en juin, date d'arrivée des rangers sur place. Les voiliers du rally Arc se feront expulsés par la marine, mais d'autres plus chanceux arriveront après leur départ. C'était un pari à faire et nous n'avons pas tenté le diable.

Le premier jour nous avançons bien, puis c'est le calme plat. Suivent 4 jours de moteur, le vent n'étant finalement pas au rendez-vous. La mer est plate, le soleil brille, mais on n'avance pas (3,5 nds en moyenne au lieu de 5-6) malgré le moteur car un petit courant nous ralentit. On alterne le moteur tribord avec le moteur bâbord afin d'économiser le gasoil. Nous avons 2 réservoirs de 200 litres pour les moteurs, plus une réserve de 100 litres en bidons, soit théoriquement 6-7 jours de réserve.


Cool, mais j'ai des maux de tête les 3 premier jours,
étant est plus sensilbe que Patricia au mouvenment du cata
(il ne roule pas mais "tourne" d'un mouvement circulaire comme un manège...)


Au moteur sans vent avec une mer plate


Parfois un peu de vent nous permet de hisser la grand voile et le génois.



Après un grain à 32 nds le matin, c'est une journée de mer hachée et très inconfortable


La mer peut se lever en moins d'une heure, devenir ensuite chaotique à souhait et pénible. Elle met plus de temps à se calmer. Nous n'avions pas eu te telles conditions depuis la Méditerranée.

Puis un vent léger soufle, accompagné d'un houle longue et confortable. On sort alors le spinaker que l'on gardera pendant 4 jours.


C'est l'occasion de sortir le drone
pour de belles photos au milieu de nulle part :)


C'est un spinaker asymétrique très recouvrant
dont on ignore la surface de toile
(peut être 130 m2)

Ici, on voit la houle longue que l'on descend doucement.
Noté que c'est un gréement fractionné,
le génois et le spi se portent alors bien en dessous du haut du mât.
Les 2 fixations sont au niveau des haubans.

Mer d'huile le soir, notre spectacle avant les quarts de nuit

Parfois les nuages de pluie nous entourent,
mais on échappe au mauvais temps.

Lever du soleil, mer plate.


Coucher de soleil voilé, mer d'huile.

Durant toute la traversée nous serons en contact avec les radio amateurs du monde entier à l'aide de notre radio HF. On aura ainsi accès aux mails, aux fichiers météo, à la diffusion de notre position, le tout en utilisant un modem bas débit (4 Ko / min) et le réseau Winlink.

A gauche, notre radio HF débridée toutes fréquences.
A droite, la VHF.

Avec Patricia, nous avons tous les deux passé notre licence de radio amateur à Bora Bora (en candidat libre). L'examen n'est pas facile, il comporte des notions de traitement des ondes avec des calculs de circuits électroniques (résistance, bobine, condensateur, filtre, transistor... ). Ce travail a été payant, car cela nous a donné accès aux bandes de fréquences des radio amateurs en plus des bandes marines que nous avions déjà. L'accès internet radio amateur est gratuite (Winlink), celui sur les bandes marines payant (Sailmail).

La table des cartes
où l'on utilise un second jeu de cartes électronique au cas où.
A droite la boite grise, c'est le modem pour les connections data

On arrive bientôt, il faut donc fabriquer un nouveau drapeau
(le pavillon de courtoisie des Samoa)

Petite aparté géographique : sur terre, il existe ce que l'on appelle une ligne de séparation de date. C'est une ligne imaginaire, à la surface de la Terre, qui zigzague autour du 180e méridien (à l'opposé du méridien de Greenwich) dans l'océan Pacifique ; son rôle est d'indiquer l'endroit où il est nécessaire de changer de date quand on la traverse. 

D'un coté c'est le jour j, de l'autre c'est J+1. Cette ligne passe par les Pôles et le détroit de Bering. Dans le Pacifique Sud, certains pays sont sur les fuseaux horaires de l'Australie, d'autre sur celui des états Unis en fonction de leur relation commerciale (cela facilite les échanges). C'est pour cela que la ligne n'est pas toute "droite" mais zigzague.

La ligne de changement de jour en tireté blanc


Comme nous avons traversé la ligne de séparation des jours dans le sens Est-Ouest, nous avons dû supprimer un jour de notre calendrier. 

Explication : Imaginez, nous sommes le dimanche soir du 27 mai 2023, juste avant minuit. Non, il n'y a pas de fantôme, mais vous traversez la ligne imaginaire en voilier, lentement, très lentement. Vous vous retrouvez donc le jour d'après, soit mardi et non lundi, car normalement à minuit passé, vous devriez être lundi. Hors vous devez ajouter un jour à ce moment là. Ainsi, pour nous, le lundi 29 mai 2023 n'a jamais existé. 

C'est "retour vers le futur", si si, je vous dis que ça existe. Et si vous faites encore un tour du monde dans le même sens, et bien vous vivrez encore un jour calendaire de plus.

Les Samoa sont à l'Ouest de la ligne en tireté rouge,
et la Polynésie Française à l'Est.

A l'arrivée, port d'Apia (la capitale)
nous croisons un des six patrouilleurs de la marine nationale française
présents dans le Pacifique
(en escale)

Le navire est destiné à la surveillance maritime de la police des pêches. Il veille aussi à la protection de la zone économique exclusive (ZEE) française et à celle des partenaires de l’Hexagone. Le patrouilleur lutte notamment contre la pêche illégale dans les pays les moins armés du pacifique. 

Les tampons de Bora Bora et des Samoa

Pour les voileux, la clearance est assez simple : il faut appeler le port authority, canal 16 en VHF, lors de l'arrivée. Ils ne répondent pas la plupart du temps..., mais ce n'est pas important. 
  • Mouiller dans la baie d'Apia, après la bouée jaune au fond de la baie (mais pas près du bord de mer car il y a des rochers affleurants).
  • Attendre souvent le lendemain matin (vers 10h) pour la visite à bord d'un premier contingent : c'est la santé. Il demande alors d'enlever le drapeau jaune que vous aurez bien sûr préalablement établi. Le contrôle porte sur votre état de santé, vos vaccinations, et si vous avez des cafards à bord (fumigation). Pour ce dernier point, une vaporisation que vous avez faite avec des bombes anti-cafard suffit.
  • Ensuite ce sont les douanes qui montent à bord, il demande le rôle de l'équipage en copie (la liste en anglais des personnes à bord avec les dates / numéros de passeport et un logo du voilier qui fait office de papier officiel).
  • Puis enfin, c'est la quarantaine pour le contrôle des aliments, des plantes. Ces derniers ne sont pas venus sur notre bateau. D'autres ont eu droit à un chien renifleur de drogue.
  • Nous avons dû aller en ville pour faire tamponner nos passeports à l'immigration. D'autres voiliers ont eu leur passeports tamponnés à bord.
Nous n'avions pas mis Samoa en destination de sortie de Polynésie Française, aussi nous avons dû écrire une lettre en anglais demandant l'authorisation d'escale. Il faut donner une raison. Nous avons demandé de refaire du gasoil et de nous reposer. Les autorités nous ont appelé en VHF en début d'après midi pour nous dire que notre demande était acceptée. A ce moment là, on peut débarquer, ou aller en marina s'il y a de la place.

Ci-dessous les tarifs de la marina. En Juin 2023, 100 Tala = 33 €
Attention : le mouillage est payant aussi.