samedi 26 septembre 2020

Colombie

 Escale Technique 
Colombie

Après avoir tant attendu les haubans, voilà enfin le moment du départ.

C’est sous un soleil splendide et une mer calme que nous quittons le mouillage de Las Brisas : choix stratégique car nous allons plein Sud face au vent et aux vagues.


Ce sera un petit moment de frayeur pour moi car en relevant l’ancre, un serpent accrochée à la chaine essaie de grimper sur le bateau. Alain, venu à mon secours réussi à le décrocher avec la gaffe. Ouf, on est parti.


Le voyage se déroule bien, en sortant de la baie de Panama nous avons la chance de rencontrer une baleine et son baleineau qui plongent juste devant nous. Quel spectacle !!!




Tout se passe bien jusqu’au moment où nous avons un problème de moteur. Après avoir fonctionné pendant 30H sans difficulté, les ennuis de prise d’air recommencent mais cette fois ci, même après la purge, il redémarre seulement pendant 1/4 d’heure et s’éteint. Impossible pour nous de continuer le voyage dans ces conditions. 


Nous sommes devant l’ile de Malpélo où nous n’arrivons plus à avancer avec 3 à 4 nœuds de courant contraire, une mer formée et un vent faible. Le bateau subit une dérive de 40°, nous faisons des bords plats : impossible de continuer sans moteur. Nous prenons la décision de faire route plein Sud : après observation du vent, Alain se rend compte que nous pouvons rejoindre la Colombie et viser le port de Buenaventura que l'on rejoindra en 4 jours. La dernière nuit sera terrible, avec des nuages noirs, des éclairs et des coups de tonnerre incessants.


Notre trace de Panama (en haut) à Buenaventura (à droite)
La pointe à gauche est l'ile de Malpelo


A 30 miles des côtes colombiennes au petit matin, nous réussissons à joindre un cargo qui transmet notre message de "Pan Pan" au port. L’armada (la marine nationale) et les coast-guards (les gardes-côtes) viennent nous aider à rentrer dans le port en nous tractant. Nous avons fait cette démarche car les courants forts sont dangereux et pouvaient nous drosser sur la côte.

La canonnière de l'Armada



On fera ainsi toute une après-midi de remorquage pour arriver vers 19h dans le port de Buenaventura au ponton des coast-guards. Arrivée de nuit, le port est illuminé de mille feux.


Ponton des Coast-Guards


Mouillage dans 3m de fond

A première vue, il s’agit d’un grand port de commerce où il ne semble pas y avoir de marina. Seulement un voilier et un catamaran sont avec nous au mouillage, devant l'ile des Coast- Guards. Nous sommes dans le flux d'un cours d'eau, à la limite des eaux salées et des effets de la marée. Le bateau tourne dans le sens du courant, selon que l'on soit en marée montante ou en marée descendante.


Au fond les portiques de chargement de cargos


Dès le lendemain ce sera la visite au bateau des autorités colombiennes : immigration, service de santé, autorité portuaire et agent qu’il nous a fallu prendre pour obtenir nos papiers. Pour choisir l’agent, nous avons demandé à l’autorité portuaire. Ce sera l’agence Cielo Mares, assez efficace mais il ne faut pas hésiter à aller les voir pour faire avancer les sujets… Notre espagnol est rudimentaire, et ici personne ne parle l’anglais.

 

Nous sommes en plein confinement Covid en Colombie et le pays a fermé toutes ses frontières. Après avoir expliqué notre situation, ils nous permettent d’avoir un visa touriste de 90 jours et pas de quarantaine. Nous sommes autorisés à circuler en ville avec les consignes de se protéger (masque, chaussures fermées et manches longues).


L'inspection sanitaire au centre
et portuaire à droite


La "lancha" des autorités


Avant de partir en ville, nous faisons la connaissance du voilier à côté de nous. Il s’agit d’un catamaran colombien nommé « SILKY » qui s’occupe de biodiversité autour de l’ile de Malpelo. Cette ile est un site protégé comme le sont les Galapagos. Elle reçoit en temps normal beaucoup de tourisme écolo. C’est également un site renommé pour la plongée.


Les personnes à bord sont charmantes. Elle nous proposent immédiatement leur aide et l’un d’entre eux part même avec nous pour nous aider dans nos démarches, notamment obtenir une carte data pour le téléphone.


Le cata Silky,
50 pieds quand même (15 m)

Ce sera également eux qui nous donneront les coordonnées de leur mécano. Le mécano viendra dès le samedi à bord d’Unavoq. Il réussira à nous réparer le moteur après avoir passé deux jours à bord et en ville à faire fabriquer les pièces nécessaires (nouvelles durites et nouveau filtre décanteur).



A droite Luis le mécano, et son apprenti à gauche. 

 2 jours de mécanique à 2 pour trouver la prise d'air et réparer

100 $ de main d'œuvre


Nous ferons aussi la connaissance de l’autre voilier. Il s’agit d’un voilier australien qui comme nous a subi des avaries. Il a eu comme nous une panne de moteur au niveau de l’ile de Malpelo qu’il a réussi à rejoindre. A cause du vent violent et des courants, il s’est retrouvé drossé sur les rochers. Lui aussi a été dépanné par les coast-guards. 

 

L’endroit est calme et isolé mais la mer autour de nous est sale. Nous sommes pas loin de l’embouchure d’une rivière qui, avec la marée, déverse son lot d’ordures de toute sorte. Cela surnage dans un sens puis dans l’autre. Une vision d’horreur.



Pour rejoindre la ville nous laissons le dinghy au ponton des voyageurs (ponton gardé par l’armée et la police) et partons découvrir la ville. Il nous faut également changer de l’argent car ici ce sont des « Pesos », environ 4 000 pesos pour un Euro. 



Noter que le plus petit billet est 2 000 pesos, soit 50 centimes d’Euro


Chercher Patoune

 

Les gens sont très sympathiques et n’hésitent pas à venir avec nous pour nous aider à trouver nos besoins. Ils sont tous surpris de voir des « touristes ».


Spaghetti connexion pour les fils électriques


Collectivo, minibus de transport en commun bon marché



Les rues marchandes sont animées malgré la pandémie


Dans la rue, petit café colombien avec un soldat équipé comme Rambo…

 

Pour les réparations du bateau, Alain est satisfait car ici l’on usine encore les pièces à la main. A l’aide du mécano, Alain trouvera toutes les pièces nécessaires à la réparation du moteur.


Au niveau alimentaire plusieurs supermarchés sont bien achalandés. On arrive à trouver aussi de bons fruits et de très bons légumes à des prix imbattables.


Pour les repas, on découvre des petites échoppes où l’on mange à deux pour 5 euros.


Grand et beau terre-plein central du centre-ville


Vielle église espagnole en plein centre-ville.


Ambiance de rues annexes



Claro est l’opérateur de téléphonie mobile. Astuce : pour ouvrir une ligne, il faut un numéro de téléphone portable local... Le cuisinier du cata Silky nous a proposé son aide pour ces démarches. 40 000 pesos pour 2 GO et SMS illimités en Colombie, soit environ 9 €. Cela nous permettra de joindre la famille et les amis en téléphonie sur IP (application WhatsApp très utilisée depuis les Caraïbes)



Cireur de chaussures, vendeur de café chaud, "presseur" de jus de fruits, réparateur de lunette, ici on trouve une multitude de petits jobs pour échapper à la misère palpable.


Réparation de mes lunettes de vue dans la rue



Bomberos, pompier en espagnol

 

Pour moi ce sera aussi l’occasion de me faire soigner une dent cassée lors de la traversée.

Le dentiste me remplacera ma dent en seulement une demi-journée et 80 $.


Le dentiste est une femme, dans un pays pour le moins macho...



Covid oblige


Le cuisinier de Silky

 

Pour remplir les réservoirs d’eau, nous irons bidonner au robinet du chantier des pêcheurs. Pour le gasoil, c’est plus compliqué car la bateau pompe est en réparation. On devra passer par notre agent et une Lancha viendra nous apporter des fûts de gasoil. Le gasoil est à 44 centimes de $ le litre.



"Bidonnage" de l’eau avec le plongeur du cata Sliky

Nous avons 800 litres d'eau sur Unavoq... c'est du boulot !

 

Après avoir fait les pleins de diesel, d’essence, d’eau et de nourriture, nous sommes prêts à reprendre la mer. Avant d’obtenir notre zarpe de sortie, l’autorité portuaire qui centralise toutes les activités de la zone, nous demande un certificat d’inspection sur les travaux de réparation du moteur. Notre agence Cielo Mares organisera cette inspection à nos frais. 


Ci-dessous la liste des frais en pesos pour ordre d'idée de frais d'escale :

 

Visite des autorités

Lancha pour venir au bateau

150 000 p

37$

 

Taxis pour embarcadère

120 000

30$

Inspection moteur

Inspecteur

342 300

86$

 

Lancha pour venir au bateau

150 000

37$

Gasoil

Combustible 80 galons us

531 000

132$

 

Lancha pour venir au bateau

150 000

37$

Frais d’agence

Cielo Mares

360 000

90$

Zarpe & Visa

Entrée / Sortie

Gratuite

 

 

Visa

Gratuit

 


Nota : un galon us = 3,8 litres

Invasion de Pélicans le soir autour du bateau


Le changement de marée attire les oiseaux pêcheurs.


Bon, tout est réparé, on repart donc pour la traversée du Pacifique. Bis repetita, non troppo.





PS : Nous écrivons ces lignes depuis la Polynésie où nous sommes arrivés en septembre 2020.





samedi 19 septembre 2020

Panama : Las Brisas


 

Panama City et mouillage de las Brisas

Panama





Panama city
(cliquer pour agrandir)

 

Après notre traversée du canal et notre repos bien mérité au Yacht club de Balboa (30$ la bouée pour une nuit avec 2 douches chaudes à disposition) nous descendons vers le mouillage de Las Brisas. 

 


En sortant de Balboa, nous suivons le chenal des gros cargo.

 

Hélas en arrivant dans la baie au niveau de la marina, nous talonnons un bloc de béton mal signalé qui nous couche, le navire reposant alors sur la quille ! Ce sera un grand moment de frayeur mais avec l’aide des vagues de la marée montante et la maitrise d’Alain, Unavoq réussit à passer au-dessus et reprendre sa route. On sera quitte pour notre premier Mayday Mayday à la radio sur le canal 16. Les secours ne comprennent pas où nous sommes, et nous avons mieux à faire pour nous sortir de là que de donner 10 fois nos coordonnées GPS.

Une fois au mouillage, les coast-guards viendront nous voir pour faire un rapport d’incident. La signalisation de la nouvelle jetée en construction n’est pas assez visible et ne figurait pas sur nos cartes. Patricia avait bien vu quelque chose dans l’eau, mais le capitaine n’a pas eu le bon réflexe de faire demi-tour à temps. Depuis, on a mis au point notre processus d'approche et pris en compte les observations de la vigie avec réaction immédiate : demi-tour d'abord, et palabre ensuite (palabre du style je vois rien, si à là, où ça là ...).



 Unavoq à Las Brisas

 

Nous entrons dans le mouillage où quelques bateaux sont présents. Le mouillage est grand, nous ancrons facilement pas très loin de nos amis Kissanga et L’Eclectik. L'endroit est sujet à des coups de vent, on mettra donc 45 m de chaine de 10 dans 5 m d'eau avec marnage de 4 m.

 



Le cata Kissanga au premier plan, et Panama city sous une onde tropicale en arrière-plan.

 

A peine arrivée, Alain décide de plonger pour vérifier l’état de la coque. Ce sera aussi un autre moment d’angoisse puisqu’on nous signale la présence de crocodiles ici aussi. Heureusement tout se passe bien, rien de grave pour Unavoq, quelques éraflures sur la quille et un peu d’anti-fouling perdu.


Nos émotions passées, nous découvrons la vue de Panama City avec ses buildings type newyorkais et toutes ses lumières colorées. La vue est splendide, très contrastée avec les nuages noirs de cette saison humide.

  

Petit rappel, nous sommes en pleine période d’épidémie de Covid 19 au Panama avec des mesures renforcées de déplacement en ville : les femmes peuvent circuler les lundi , mercredi et vendredi ; les hommes les mardi, jeudi et samedi ; de plus avec des horaires autorisés en fonction du dernier numéro de votre passeport (quasi jamais respecté).

 

Comme nous sommes 3 bateaux, nous décidons d’organiser nos déplacements vers Panama city en taxi. Il y a bien quelques bus, mais c’est trop compliqué de faire plusieurs magasins sans voiture.


A la mode de Panama : sandales, short, tee-shirt sac à dos et masque.

 

L’avitaillement est facilité par un ponton flottant où l’on peut débarquer facilement. L’accès est gratuit pour les plaisanciers mais pas les pro. Aussi on ne doit pas gêner les pro en se mettant devant, sauf pour embarquer / débarquer. En haut du ponton, il y a un robinet d’eau où l’on peut bidonner gratuitement. L’eau est bonne et ne laisse aucune trace dans les filtres charbon.


Comme le ponton appartient à l’aéronaval, il y a quelques règles à respecter, sinon un garde vous les rappelle gentiment. 


Règle n°1 : porter un gilet de sauvetage lors de l’utilisation du zodiac
Règle n°2 : porter un masque et un tee-shirt quand on arrive au ponton (pas de torse nu)
Règle n°3 : ne pas utiliser le ponton après 16h (on peut toujours s'excuser après)
 
Nous partons dès le lundi à 8 h avec Émilie de Kissanga faire l’avitaillement. Le taxi nous fait découvrir la grande esplanade entièrement aménagée des bords de mer. Un très beau parcours qui donne envie de s’y promener à pied ou en vélo mais qui, hélas, est vide ou presque. Les taxis se négocient 10 $ de l’heure ou 25$ la matinée.


c

Promenade en front de mer

 

Nous circulons au milieu des buildings tous très différents et impressionnants. Quel changement après tous ces jours passés dans les Antilles. Le spectacle est particulier, on aime ou pas.


On aura aussi l’occasion de découvrir la partie pauvre avec ses bidonvilles, moins glamour.

Deux mondes très différents se côtoient dans la ville.

 


 1er ravitaillement fait, nous revenons avec un taxi plein.

Nous prévoyons entre 30 et 40 jours de navigation

donc 50 jours de nourriture par sécurité


Dès le lendemain les garçons (rappelez-vous, il y a des jours pour les hommes et d'autres pour les femmes...) partiront s’occuper des achats spécifiques au bateau et au bricolage.

Les jours se suivent à ce rythme en attendant la réception des colis commandés et des réparations nécessaires à la poursuite du voyage.

 

Sur Unavoq nous avons déjà récupérer notre nouvelle chaine d’ancrage plus longue (80 m) et attendons nos nouveaux haubans commandés à Shelter bay, nos nouvelles cartes marines Navionics, un nouveau chargeur de Panneaux solaires et une nouvelle girouette complète.

 

Nous profitons de nos sorties taxi pour visiter la vieille ville.




Beaucoup de magasin et tous les lieux de visite sont fermés. Quel dommage de ne pouvoir faire du tourisme, ne serait-ce que pour trouver un vrai Panama (le chapeau). On apprendra plus tard que le véritable Panama est fabriqué en équateur. Comme quoi...



 


 

Bidonnage du diesel : Diego, un colombien coincé à Panama, 

nous propose d’apporter des bidons de diesel afin de refaire le plein.

On siphonne donc les bidons

 

Bus très coloré d’Amérique du sud, ici transformé en café 

(fermé cause Covid)



Diego (au fond) et un de ses amis ont péché au mouillage un beau mérou. 

La région est réputée pour ses eaux poissonneuses.



Panama city vu du cata Kissanga

 


La rocade qui contourne la vielle ville située à gauche, 

du côté de l’ambassade de France.

 


Surprise d’un soir, nous avons un passager clandestin : 

un gecko que nous reverrons de temps en temps 

mais qui sait se faire discret.

 


Alain initie les copains au « Mexican Train », 

jeu de domino que l’on joue dans toute la mer des Caraïbes.

 


Fransceso et Elisa sont très attentifs

 


Moana, Emilie et Matéo sont aussi sérieux

 

Côté matériel, nous apprenons que notre commande de haubans n’est pas faite.  Mike (le gréeur qui doit nous installer les haubans) doit revenir prendre des mesures. Grrr, on vient de perdre une semaine de délai.

 

Après ces quelques jours, il est temps de partir pour la Trans Pacifique. Le départ est prévu pour le jeudi 8 juillet. Les bateaux sont prêts et les équipages motivés. Hélas pour nous, Mike qui vient enfin nous poser nos haubans, nous apprend que notre système d’attache n’est pas identique à ceux commandés.  Il nous faut commander des ridoirs adaptés à ces nouveaux haubans. Grosse déception car nous devons rester et regarder partir nos deux bateaux copains.


Ce sera une attente de quelques jours supplémentaires pour enfin  partir le 14 juillet avec une météo calme.