jeudi 26 décembre 2019

Venezuela : Crasky (islas Los Roques)

Crasky


Nous quittons vers 10 heures la baie de Francisky afin d'arriver à destination vers midi. Alain est aux aguets. Il surveille la pompe à eau du moteur qui recommence à goutter. La réparation de Grenade n’a pas suffit (nouveau joint spi ok, mais les roulements donnent maintenant du jeu à l'axe). Heureusement le vent est de la partie et on peut très vite monter les voiles et éteindre le moteur. Un vent doux et constant nous amène silencieusement vers notre nouvelle destination : la baie de Crasky. La navigation dans l'archipel se fait avec une mer intérieure calme car protégée par de multiples iles & récifs.

Arrivée au mouillage
Nos cartes Navionics sont finalement assez correctes et conformes aux données du sondeur. Nous suivons des routes tracées en tireté violet sur les cartes marines. Je reste tout de même à l’avant pour nous rassurer. Il fait beau et c’est un vrai plaisir de naviguer dans ces iles éloignées de toute présence. On profite du paysage et de la tranquillité des lieux en croisant quelques iles inhabitées. A 5 noeuds, on arrive rapidement dans la baie de Crasky. On ancre le bateau vers le sud de l’ile pas très loin des quelques habitations présentes.

L’endroit est magnifique. On est le seul bateau dans la baie. On profite d’une petite baignade pour aller vérifier l’ancre. Les fonds sont translucides et riches en poisson.


(cliquer pour agrandir)

L’après midi nous partons découvrir l’ile.



Nous rencontrons Eduardo (du restaurant Aqua Clara) en train de réparer le moteur de son bateau. Très content de se retrouver, Alain après lui avoir donné un coup de main, lui explique notre avarie de pompe. Il se propose de nous envoyer un mécanicien présent sur l‘ile pour nous aider. (Hélas ce sera sans amélioration, le mécano pensant que c'est la durite qui fuit et l'on ne trouvera pas cette taille de tuyau dans les iles).

Hors-bord rapide d'Eduardo
fournie par le gouvernement aux professionels

Nous continuons le tour de l’ile. Soudain nous sommes hélés par un bateau de touristes arrivant. Il s’agit de notre colonel qui arrive avec sa famille pour déjeuner à Crasky. On est quitte pour rester une demi-heure à essayer de décoder ce qu’il nous raconte dans un espagnol pas toujours très compréhensif pour nous. Un grand moment de solitude !!

Le soir venu nous dinons au rancho « Aqua Clara » que nous recommandons vivement. Au menu poissons crus aux citrons, épices et ail, suivi d’un poisson en papillote avec ses petits légumes et riz. On passe un bon moment avec eux, Alain ayant apporté aussi des jeux (Mexican Train & cartes).

A gauche l'Aqua Clara en bleu
vu du mouillage

Aqua Clara

Menu langoustes locales
et vin blanc français de notre cambuse
Ces échanges avec les vénézuéliens nous font découvrir la vie insulaire et les soubresauts politiques du pays vus depuis l'intérieur. Ici l'essence est gratuite pour les professionnels du tourisme et de la pêche, mais il faut faire 4 heures de queue tous les mois.

Queue pour l'essence
Chaque professionnel apporte ses gros bidons
De même, sauf pénurie, l'école distribue des plats avec de la viande aux enfants scolarisés. Sinon les enfants mangent du poisson, seul aliment à disposition dans les iles. Il n'y a pas d'eau potable non plus, c'est une usine de désalinisation à Gran Roque qui produit l'eau pour tout le monde. Une grande ferme de panneaux solaires modernes a été installée sur l'ile principal, mais ne fonctionne pas faute de batterie... L'usine de production d'eau fonctionne donc au pétrole.

Nous avons été témoin d'un évènement particulier lors de notre séjour : les employés de Gran Roque ont fait grève pendant plusieurs jours bloquant ainsi l'aéroport. Les touristes ne pouvaient plus venir de Caracas. Les habitants n'avaient plus d'huile, ni d'essence pour leur bateau et le ravitaillement tardait.

Côté avitaillement, on trouve un peu de tout dans le supermarché local, mais il faut payer en dollars américains. Pour les locaux cela reste très cher, et ils sont contraints de rejoindre Caracas (6 heures de hors bord) pour faire le plein de matériaux ou de produits frais.

Côté réparation de la pompe, il sera impossible de trouver les pièces nécessaires même à Gran Roque où Carola a emmené Alain avec leur bateau plus rapide. Du coup nous avons démonté la pompe et  remplacé les roulements usagés par ceux de l'ancienne pompe en attendant de les changer à Bonaire. Après remontage ça ne fuit plus. On pourra donc repartir.

Côté entretien, on démonte les winchs pour nettoyer les mécanismes. Il y a toujours quelque chose à faire à bord.

Gros winch de génois

Roulements cylindriques internes


Self tailing,
mécanisme qui permet de bloquer l'écoute rapidement

Côté fonds marins, l’eau est transparente et fourmille de poissons de différentes tailles et formes. Quand on se baigne, on nage au milieu des bancs de poissons. C’est extraordinaire. D’ailleurs au mouillage nous sommes entourés de poissons : thons blancs, maquereaux, barracudas faisant des sauts périlleux autour de nous. Alain a sorti le matériel de pêche mais n’arrive pas à les attraper. Pourtant on les voit s’amuser autour de nous, c'est rageant.

Heureusement il partira avec Emilio, pêcheur local, et découvrira ainsi la méthode utilisée par les habitants. Bilan : plusieurs thons blancs, des maquereaux et un barracuda viendront agrémenter nos repas. 

Apprentissage de pêche avec Emilio

Thazard blanc  (Maquereau roi)
Scomberomorus cavalla

Carangue tête ronde
(Caranx Crysos)


Carangue sur le barbecue au charbon
(Pas de Ciguatera ici)

Poulpe Chatrou
(Octopus Briareus)

Barracuda
(Sphyrœna barracuda)

Belle mâchoire
qui explique pourquoi l'on perd des leurres...
On en mangera des filets pendant 3 jours 

Côté plage, c'est l'embarras du choix. Elles sont toutes splendides, notamment au Nord avec du sable blanc, une eau transparente, des poissons par milliers et des pélicans guère sauvages.




Nous passerons le reste du séjour à Crasky où nous partagerons avec nos nouveaux amis la vie dans les Roques, la découverte d’autres iles et les aléas comme l’approvisionnement en eaux et en essence. On y goutera une vie simple sans superflu. A cette occasion nous testerons avec succès l'utilisation de la moustiquaire en extérieur : nous avons dormi à la belle étoile sur le pont avant, bien au frais et très confortable.

Moustiquaire sur le pont avant d'Unavoq
(en grande navigation on met le dinghy à cette place)
Ce sera aussi l’occasion de découvrir l’organisation des écoles et des soins. Les écoles comme le dispensaire sont situés seulement à Gran Roque. De ce fait, tous les matins, les parents emmènent leurs enfants en bateau sur Gran Roque (20 min de trajet en plein vent) et sont souvent contraints de rester avec leurs enfants dans les classes en attendant la fin de la matinée. Le paradis a ses joies mais aussi ses contraintes.


Promenade dominicale avec la famille d'Eduardo
Amanda,
qui va à la grande école en bateau tous les jours
...
Limités par le "pass" qui nous oblige à demeurer seulement 15 jours dans les Roques, nous quittons avec regret ce paradis pour Gran Roque. On restera seulement deux jours supplémentaires pour attendre la bonne météo et rejoindre notre prochaine destination : L’ile de Bonaire.

mercredi 11 décembre 2019

Venezuela : Francisky (islas Los Roques)

Islas Francisky

Avant de quitter Gran Roque, nous retrouvons un voilier ami, Evelyne et Jean de Yapuka le cata que nous avions croisé à Cariacou.  Ils viennent de passer 15 jours aux Roques ce mois de novembre et repartent demain en direction de la Martinique. Ils sont accompagnés de Didier et Chrystel du cata Arzig. Nous passerons la soirée ensemble où ils nous raconteront leur périple dans ces iles et notamment le manque d’information précis concernant les fonds et les routes de navigation. Ils nous expliquent qu’il faut prendre bien au large des iles et surtout accéder aux endroits délicats vers midi, soleil dans le dos. Cela permet d’avoir une bonne visibilité sur la couleur de l’eau qui varie en fonction de la profondeur.

Relief de Gran Roque
depuis le mouillage
Après deux jours passés à Gran Roque, nous décidons de rejoindre le groupe d'iles Francisky. C’est avec un peu d’appréhension (surtout pour moi) que nous quittons notre mouillage. Il fait beau et le vent est de la partie. Je suis à l’avant et aide le capitaine dans les manœuvres. Tout se passe sans problème et en peu de temps nous sommes à Francisky. On s’ancre au fond de la baie près de la barrière de Corail, sur fond de sable. C’est splendide.

Mouillage à Francisky
en face de la barrière

Par contre le vent continue à monter avec des rafales à plus de 30 nœuds. Nous décidons de rester sur le bateau et d’attendre le lendemain pour aller parcourir le tour des iles. D’un seul coup le voilier qui était à côté de nous dérape et se retrouve heureusement arrêté par un banc de sable plus loin. Les pêcheurs avec leur embarcation rapide iront le rechercher. Plus de peur que de mal. Mais dans la nuit ce sera l’autre bateau derrière nous qui aura le même sort.

Unavoq n’a pas bougé, les deux bateaux étaient pourtant sous pavillon vénezuelien… On peut dire maintenant que l'on sait ancrer comme il faut, c'est rassurant.

Dans la soirée on aura aussi la surprise d’entendre à la VHF que nos amis naviguant en cata ont dû rebrousser chemin à cause du vent et des vagues (40 nds et 4m de vagues au large).

Ile Médio de Francisky
Le lendemain nous partons en annexe découvrir la 1ère ile (Médio). En arrivant une mouette vient à notre rencontre. Tôt le matin, on est tout seul entouré de sable blanc avec une mer d’un vert transparent…
Ouah !!!


Les touristes arrivent en fin de matinée pour y déjeuner sous un parasol et repartent avant 16h.


Au fond, on aperçoit le relief de Gran Roque et à droite l'ile Arriba
On décide d’en faire le tour les pieds dans l’eau.  Une promenade bien agréable. Nous sommes seuls avec quelques lézards, des tortues et de nombreux coquillages tous plus beaux les uns que les autres.

Beaux lambis très abondants dans les iles
En revenant sur la plage du départ, on rencontre un pêcheur qui arrive avec une nasse remplie de langoustes. Vendues à 45 us$ le kilo, nous n'en gouterons pas ici : on est pas des touristes à plumer.



Sur cette ile, nous avons entendu parler d'un endroit nommé la piscine. On prend donc le chemin boueux qui y conduit. Au bout du chemin, s'ouvre une étendue d’eau de mer qui est séparée de la mer Caraïbe par la barrière de corail. Les vagues se fracassent sur les rochers et alimentent ainsi ce petit lac paisible.

Equipés de nos masques, tubas et palmes nous partons explorer le lieu. C’est tout simplement magique, nous sommes entourés de poissons qui viennent jouer avec nous. Tout le long de la barrière des milliers de poissons nagent à côté de nous. Ils ont l’air de nous guider pour aller découvrir ce qui se cache au fond de la piscine.

Comme nager dans un aquarium

En fait il y a une vierge sculptée que l’on aperçoit au détour d’un gros rocher.



De retour sur la berge, on fera la connaissance d’un colonel vénézuélien venu en vacances avec sa famille. Il nous vantera les mérites d'Hugo Chavez avec qui il a combattu à ses côtés. Il nous montrera « sa bague des colonels » qu’il porte fièrement à son doigt. Il était content de faire notre connaissance. Pensez-vous, nous sommes des français comme « Mbappé » le joueur de foot. Un vrai personnage !!!

L’après midi nous partons sur Abajo, la 2ndeile.

Parasol sur Abajo,
une vraie carte postale...
A notre arrivée sous un carbet nous croisons des voileux en train de dejeuner. Ils sont 3 bateaux hollandais et belges qui remontent de Curaçao et viennent rendre visite à leurs amis vénézueliens qui vivent à Crasky où ils ont un restaurant sur la plage. Tout le monde se présente. Ce qui est drôle c’est que le couple de restaurateur de Crasky est l’homme que nous avions déjà rencontré à Gran Roque et que des amis nous avaient recommandé. 

Nous les quittons pour faire le tour de l’ile. On voit que celle-ci est plus sauvage, voire un peu abandonnée car le restaurant au sud de l’ile semble fermé.

Toujours au bord de l’eau à ramasser des coquillages, nous trouverons échoué un très joli morceau de corail blanc qui finira ses jours à bord d’Unavoq, trophée de la table des cartes.

Sous les yeux ébahis du personnage Kenny McCormik
(en orange, juché sur l'antenne GPS de l'AIS)
Le dernier jour, nous terminons notre visite sur Arriba. Petite vadrouille en annexe, avec détour par la maison sur pilotis qui se trouve à l'entrée de la baie.

Au fond figure l'ile d'Arriba, infestée de moustiques
du fait d'eaux stagnantes
Cette dernière ile est moins agréable. Il est difficile d’en faire le tour. Elle comporte des étendues d’eau en son centre avec des points d’eau stagnante. Très vite nous sommes la proie des moustiques qui arrivent en bande pour nous piquer. Nous décidons de rebrousser chemin et de rejoindre vite l’annexe restée sur la plage.

Trop tard comme la 1ere fois en Guadeloupe, je suis dévorée par les moustiques. J’ai au moins 10  piqures sur chaque membre. C’est horrible et douloureux. On dirait que j’ai la varicelle (ou une vraie peau comme un crapaud des contes et légendes anciens, ajout d'Alain).




Le lendemain matin nous quittons Francisky pour rejoindre Crasky, l’ile des restaurateurs.