samedi 1 août 2020

Panama : le passage du canal

Panama

Le canal de Panama. 

Réveil à 3 heures pour les derniers préparatifs ce vendredi matin, nous attendons « l’advisor » (comprenez un superviseur de manoeuvre qui restera avec nous tout au long du passage). Vers 5h15 la navette du canal arrive et le dépose à notre bord.

Le top départ est donné. Nous devons prendre le chenal, passé sous le pont de l'Atlantique et rejoindre les 2 catamarans partis avant nous. Unavoq fonce pour rattraper les 2 catas, ce qui n'est pas du goût d'Alain qui n'aime pas faire monter dans les tours le moteur Perkins.

On vient de passer sous le pont de l'Atlantique
(premier pont du canal)
Ici le cata L'éclectik que nous avons doublé
(cliquer pour agrandir)

On se met ensemble derrière un gros porte container qui est en train d’entrer dans le canal.

Première écluse, on sera derrière ce cargo
Les « advisor » organisent la manœuvre d’attache des 3 bateaux : Unavoq sera au milieu, Kissanga est à tribord et l’Eclectik est à bâbord. 

Aucun des advisor ne s’informe sur les demandes de l'inspection de lundi. C’est étonnant.

En rouge Emilie du cata Kissanga
Il sera couplé à tribord
Le cata L'éclectik qui sera à notre bâbord
Le convoi ainsi formé entre dans le canal. Nous suivons les ordres donnés afin de coordonner la marche des 3 vaisseaux. Il ne faut pas se rapprocher des parois du canal. C'est le bateau central qui fait avancer le convoi, et les bateaux latéraux qui corrigent l'axe de la trajectoire.
Une  fois en position dans la première écluse, c’est le lancé des "bowling" du haut des quais, ils vont servir à remonter les lignes nécessaires à l’accrochage des bateaux.

En rouge, Marie de L'éclectik qui récupère la boule

Tout est ok. Le convoi est fixé dans la 1ere écluse derrière le gros cargo.


Une cloche retentit et la porte se ferme derrière nous. C’est la dernière fois que nous voyons la mer des Caraïbes.

Au fond le pont de l'Atlantique
Marty, l'advisor aux gants bleus
L’eau surgit de chaque côté et fait monter rapidement les bateaux à la hauteur du quai pour arriver sur la 2ème écluse. Dans cette partie nous montons vers le lac, bief de partage des eaux entre l'Atlantique et le Pacifique.

Les portes sont immenses vu d'en bas
Dès le niveau atteint les portes s’ouvrent et nous poursuivons notre marche tirée et encadrée par des personnes qui, à l’aide des lignes, surveillent notre déplacement. Il ne faut pas que l'on cogne sur un bord.


Noter les rails de chaque coté du canal
On entre dans la 2ème puis ainsi de suite jusqu’à la 3ème écluse. Là, les hommes en haut relancent les lignes car nous entrons dans le lac qui sépare les deux séries d’écluses. C’est le moment de détacher les bateaux. La traversée du lac se fait en solo les uns derrière les autres en suivant les bouées rouges qui délimitent le chenal dans le lac.


Marty, l'advisor sur Unavoq, nous apprend qu’il y a 32 miles à parcourir pour rejoindre les autres écluses.

Commence alors notre cheminement sinueux sur le lac. Nous sommes un peu stressés car nous redoutons une panne moteur. Il faut pousser les moteurs pour respecter les créneaux horaires de passage. Nous devons nous suivre et rester à vive allure, avec une moyenne de plus de 6 noeuds.

Alain est contrarié, il craint la panne, ce qui serait ennuyeux dans le chenal parfois étroit. Il n'a rien dit quand, juste avant d'entrer dans la première écluse, la courroie de l'alternateur qui recharge les batteries a chauffé puis cassé. Il dira plus tard que ce fut la journée la plus éprouvante qu'il a vécue, étant persuadé qu'une panne viendrait gripper l'organisation du passage. Cela a un peu gâché son plaisir de savourer le moment et de profiter du décor.

Mais notre Perkins ronronne tel un tracteur et ne nous lâchera pas, la révision et la purge de jeudi ayant résolu les soucis de prises d'air.

Marty nous raconte l’aventure du canal avec ses anecdotes et nous montre dès que possible les animaux présents. On observe de beaux paysages avec hélas des gros cargos qui croisent notre route provoquant de grosses vagues qui nous déportent.

L’heure de midi approchant, nous demandons à Marty quand souhaite-t-il déjeuner. Il nous apprend qu’il a apporté sa nourriture. Je me rends compte que les recommandations de l’inspecteur et d’Erik n’étaient pas pertinentes. J’ai cuisiné hier soir pour préparer un bon repas à base de poulet qui ne sera finalement que pour nous. On en mangera pendant 2 jours…

Au fond, le pont centenaire
second pont du canal
If faudra 5 heures pour atteindre l’autre côté. Marty se renseigne sur notre passage. Le cargo passé avec nous est déjà arrivé, nous ne pourrons pas passer avec lui. Un créneau est possible juste devant un autre gros cargo. Il faut que l’on arrive à le prendre sinon nous serions obligés de repartir à l’ancrage au milieu du lac sur les bouées et d'attendre le jour suivant pour passer. Petit coup de stress. Marty demande à ce que l'on accélère, mais Alain refuse prétextant que l'on est au maximum.

En fait on peut monter à 2300 tours, mais nous ne l'avons jamais fait et nous ne désirons le faire qu'en cas d'urgence grave. Nous sommes déjà à 2100 tours / minutes avec une vitesse de 6,5 nds.
Finalement on est à l’heure. Il faut reformer le radeau en attachant les 3 bateaux.

On avance dans l'avant dernier canal. On vérifie que nous sommes bien au milieu des deux  quais. Le processus recommence. Les hommes en haut lancent les boules qui servent à monter les lignes qui attachent et maintiennent les bateaux. Dès réception, on avance dans l’écluse. Puis c’est le tour du cargo de se positionner. Cela dure plus longtemps car ce n’est pas facile de manœuvrer de tel engin. Ils sont aidés par des petits bateaux pilote qui les aident à mettre le bateau dans les meilleures positions. Eux bénéficient de petits trains sur chaque côté qui les aident à maintenir et attacher le bateau dans l’écluse.

Tout est prêt, les portes se ferment et commencent l'écoulement de l’eau. Dans cette partie nous descendons vers le Pacifique. L’eau s’en va et nous descendons  progressivement. C’est cette partie qui est la plus délicate car il faut suivre la descente des bateaux en lien avec les lignes. Sinon cela risque de tout arracher si une amarre venait à se coincer. Ce n’est pas difficile, il faut juste être attentif et suivre la manœuvre. Tout se passe parfaitement sur nos embarcations.

Quelques minutes après nous sommes à hauteur et là nous devons reprendre les lignes car il y a un dernier petit lac à traverser. Les bateaux ne sont pas détachés et nous traversons ensemble cette étendue d’eau pour rejoindre la dernière écluse.

Patricia contente de voir enfin le Pacifique du haut de la dernière écluse

Nous sommes  dans l’écluse de Miraflores et j’apprends par ma fille qu’elle nous voit sur la Webcam (la caméra connectée à Internet) de l’écluse en direct par Internet. A bord de l’embarcation on est tous content, on se passe l’information et tout le monde fait des coucous vers la caméra. Comme il y a la préparation du cargo derrière nous, cela nous passe le temps. 

En approche de Miraflores
Trois petits voiliers devant le mastodonte
On est à la dernière écluse. A nouveau c’est encore la préparation de la position dans le canal pour nous et pour le cargo. Tout est prêt pour notre dernière descente.


Alain & Patrica à la dernière écluse
Avant l’ouverture de la dernière porte, il y a les dernières recommandations de Marty qui dirige le convoi. Il donne les derniers conseils à Alain car nous allons entrer dans le Pacifique. Il y a une différence de salinité entre les 2 eaux puisque le canal est alimenté par l’eau du lac qui est une eau douce. Cela provoque à la sortie de forts courants qui peuvent entrainer les bateaux vers les parois du canal. De plus il y a également souvent du vent qui augmente encore le phénomène. Les 3 garçons à la barre, Alain sur Unavoq, Francesco sur Kissanga et Jean-Philippe sur l’Eclectik sont à la manœuvre : Unavoq avance tout droit à fond, et les catas jouent des moteurs de chaque coté pour équilibrer l'ensemble.


La encore ils ont bien assuré et nous rejoignons le pacifique sans aucun problème. On est tous euphorique. Heureux que tout se soit bien passé et heureux d’être enfin sur le Pacifique. C’est la joie et les cris de bonheur sur les bateaux.

On termine par détacher les bateaux et nous passons sous le grand pont des Amériques pour rejoindre le Balboa Yacht club où nous prenons une bouée.

On est content mais un peu épuisé de cette rude et longue journée stressante. C'est ici que l'on recevra notre nouvelle chaine de 80m.

Patricia marque la chaine
Au fond, le pont des Amériques
(troisième et dernier pont du canal)

On utilise des Serflex colorés tous les 5 et 10m
Le lendemain sera l’occasion de fêter au Yacht club l’anniversaire de l’un des enfants et aussi notre passage réussi. Le champagne est de la  fête. Le club est normalement fermé à cause du Covid, mais pour un anniversaire rien n'est impossible :)

De gauche à droite
Emilie, Francesco, Marie, Jean Phil, Patricia, Alain, Auriol


Après cette épreuve nous rejoignons le mouillage de Las Brisas pour préparer le grand départ vers la Polynésie française.


Ce premier août 2020, nous sommes en escale technique en Colombie coté pacifique, plus exactement à Buenaventura. Nous devrions repartir lundi 3 août au soir avec la marée descendante.

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