mercredi 4 novembre 2020

Tour du Monde

Fascination pour un Tour Du Monde


On sigle ce voyage particulier par trois lettres majuscules accolées : TDM. Et là, énoncé comme par magie, cet acronyme illumine les yeux de certains et dévoile la fascination du concept.

Dans la culture européenne, le "tour du monde" c'est peut-être d'abord, un peu, l'aventure sublimée par Jules Vernes au travers de son livre "le Tour Du Monde en 80 jours". C'est aussi une course après une chimère, car il existe autant de TDM que de personne. Et enfin, il y a le "partir pour partir", fuir en fait, mais c'est emporter avec soi ses problèmes et n'arriver à rien si ce n'est à se dégouter du voyage.

Certes la planète est quasi "sphérique" et l'on peut en faire le tour pour revenir à son point de départ. Il n'y a plus rien à démontrer, d'autres l'on fait avant nous. Emporté par l'élan du voyage, il n'est pas rare que les "tourdumondistes" ne reviennent pas. Non parce qu'ils se soient perdus, mais parce que la réalité d'un TDM dépasse l'idée simple d'un voyage.

Que l’on se lance dans la boucle à pied, à vélo, en voilier ou en montgolfière, bref partir d’un endroit de la planète dans une direction pour en revenir par l’opposé, n’a rien d’anodin. Cela laisse des traces dans les esprits, ouvre des voies ou des champs de possibilité quasi infini.

Il est évident que le monde moderne a grandement facilité l’accès à ce périple passionnant, et l’accomplir est à la portée de la plus grande majorité. Nous sommes "monsieur et madame tout le monde" ; nous avons lancé ce projet de circumnavigation sur une boutade, sur une envie d'aventure, un besoin de quelque chose d'indéfinissable. La vie rythmée et absurde que nous vivions manquait de sens. L'on ne se retrouvait pas dans les aspirations de notre époque, surtout celles rivées sur la croissance d'une activité humaine, ou plus perverse, celles distillées de la consommation et du jetable.

Notre boutade fatidique s'est passée au Groenland (en été 2015), lors d'une discussion sur les moyens de transport pour accéder aux sommets convoités. J'avais lu que dans les années 60, les italiens venaient grimper du coté d'Umanaq (72° N) avec l'aide d'un bateau venu d'Europe (Montagne di Groenlandia, Mario Fantin aux éditions Tamari, 1969). 

Cette solution permettait de pouvoir changer de massif facilement, et de transporter aux pieds des montagnes le matériel bien lourd de l'époque. Chiche répond Patricia, on peut revenir avec un voilier, à la condition que l'on passe par les pays chauds avant ; d'où la Transatlantique et la visite des Caraïbes en 2019. Te rappelles-tu Patricia qu'après les pays chauds nous avions parlé d'aller plus au Nord ?

Le Covid de cette année 2020 a changé la donne : la peur d'une pandémie mortelle pour l'humanité a eu l'effet d'une véritable 3 ème guerre mondiale. Toutes les frontières se sont fermées, tous les déplacements ont été bannis. De rêve porté au rang de mythe, le voyage est devenu paria, danger, et plus du tout glamour aux yeux de la majorité sédentaire.

Alors, nous avons décidé de continuer notre voyage, vers des contrées lointaines, là où la civilisation n'a pas distillé tout son venin de confort et de pollution associée. Au lieu de rester visiter les Caraïbes ou plutôt de rester confiné en Guadeloupe ou Martinique, nous avons décidé de traverser le Pacifique sans plus attendre. Tant pis pour Cuba, la Jamaïque ou le Guatemala, nous préférons notre liberté de mouvement à l'oppression aveugle des administrations apeurées qui ferment les frontières maritimes. Car si nous comprenons, nous marins, ou plutôt voyageur au long cours, le terme de quarantaine et sommes prêt à nous y soumettre, nous ne supportons pas la mise en place de règles toutes plus liberticides les unes que les autres. 

Où est donc passé le bon sens, celui de nos anciens, qui prône la modération et se rattache aux expériences de passé ? Surement pas caché dans le flux d'informations toutes plus sensationnelles et anxiogènes déversées quotidiennement. La peur produit son dictat de la sécurité, elle est organisée et mise en scène. C'est elle qui régit les décisions, et asservie les cerveaux.

Non, nous sommes sortis de ce système, et l'on peut le voir de l'extérieur, voir ses tentacules dévorer nos imaginaires, anéantir nos velléités de liberté. Finalement, la fascination d'un Tour Du Monde nous a sauvé, Patricia et moi ; sauvé d'une descente aux enfers de l'enfermement chez soi ; sauvé de la victoire du népotisme libéral qui, contrairement à son nom, ne produit qu'une aliénation aux biens de consommation au lieu de nous en libérer. 

Vive l'attraction des rêves, l'attrait des voyages, que les lectures de notre enfance puissent un jour continuer à perpétuer cet état de liberté que nous avons la chance de vivre et dont nous serons les témoins indéfectibles.

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