samedi 12 octobre 2019

Grenadines (de Grenade, West Indies) : Carriacou


Drapeau de Grenade
En quittant Union, après quelques heures de navigation nous arrivons dans la baie de Tyrell bay qui regorge de bateaux ancrés. Pas de difficulté particulière pour cette petite traversée.

En arrivant, nous trouvons une place à droite dans la baie pour ancrer sur du sable sans difficulté. A noter qu'en plein milieu du mouillage repose une épave indiquée en surface par un petit bateau jaune et une bouée cardinale Nord. Cette épave ne figure pas sur nos cartes Navionics ni CM93.

Le coin des pécheurs à Carriacou
On s'aperçoit alors que nous ne sommes pas les seuls à avoir pris la décision de rejoindre le sud des Antilles dans cette période cyclonique. Plusieurs équipages de bateaux rencontrés lors de nos différentes escales sont déjà là : Brigitte et Luc du Foxy Lady, Didier du Globule et Jonathan du Espalidor...

Au mouillage le soir
Carriacou est protégé des vents violents et uoffre la possibilité de réaliser l'entretien du bateau (le carénage) pour un prix abordable. Il y a deux chantiers avec de gros engins de levage, un de chaque coté de la baie.

Pour nos amis voileux, deux conseils : premièrement apporter vos matériaux avec vous, car sur place l'approvisionnement en antifouling n'est pas terrible (de même pour les vannes / passe-coque / ...). Sachez qu'à Carriacou les pas de vis ne sont pas "métriques" mais au système impérial (en pouce) donc non compatible avec nos bateaux français sauf à tout changer.

Ensuite, faire réaliser un devis pour toutes les prestations avant de lancer les travaux. Sachez qu'ici les chantiers ne sont pas assurés, c'est du vécu : s'il y a de mauvaises conditions météo ou une impossibilité de vous remettre à l'eau (panne de levage par exemple), vous devrez payer les jours supplémentaires de mise à terre.

Nos copains profitent de l'escale pour faire le carénage : pour les nons voileux, le carénage c'est sortir le bateau de l'eau, le nettoyer,  puis passer plusieurs couches de protection sur la coque avant de le remettre à flot.
Sortie d'eau du Foxy Lady

Unavaoq quant à lui n'a pas besoin d'un nettoyage de sa coque. Nous avons été très bien conseillés par nos amis d'ACER Nautique de Leucate lors du choix des matériaux utilisés avant notre départ. La coque n'a pas perdu sa protection. Nous avions choisi de poser une matrice dure, précédée d'une couche d'accroche car l'on ne voulait pas sabler la coque (trop gros travail, trop chère). Cette matrice n'est donc pas érodable, mais nécessite un petit brossage régulier.

Alain profite de nos baignades autour du bateau pour brosser régulièrement la coque et cela suffit : une belle économie pour le budget, car un carénage coûte environs 1 300 € pour notre 43 pieds. Nous referons ce carénage l'année prochaine, certainement dans une escale au Guatemala où nous comptons aller nous protéger pour la prochaine saison cyclonique en 2020. 

Après avoir vérifier notre ancrage (on a pris la bonne habitude de plonger pour aller voir notre ancre), nous prenons connaissance des lieux et notamment des supermarchés. Plusieurs échoppes proposent des denrées alimentaires dont un grand supermarché près de la zone des carénages, mais leur approvisionnement est lié aux arrivées des containers sur les bateaux. Eh oui !! nous sommes encore sur une ile, de plus en pays anglophone, ce qui rend encore plus compliqué de trouver de la "bonne" nourriture. On commence à devenir "Poulet " à force d'en manger à tous les repas (on n'aime pas le "corned-beef" ni les aliments tagués "saur" donc sucrés)!!! 

Heureusement, nos copains du Foxy Lady ont trouvé un boucher qui propose du porc, du mouton, des saucisses ainsi que des oeufs frais : un vrai régal et ce sont des produits locaux. Cela fait du bien et c'est bon pour le moral de bien manger.

Dès notre arrivée, nous engageons la conversation avec un bateau canadien proche de notre bateau. Ils nous font part des activités de la baie et notamment du Cruiser Net.  il s'agit d'une radio locale tenue à la VHF par une personne qui informe des activités proposées pour la journée, des sorties, des échanges. bref un fil conducteur pour les plaisanciers. Notons que les échanges se font en anglais, ce qui exclut la quasi totalité des plaisanciers français comme on le découvrira plus tard.

Chacun peut participer et dire un mot ou faire une annonce. La séance du Cruiser Net est intelligemment découpée en thème et diffuse beaucoup d'informations : on demande qui arrive, qui part, la météo, les vides greniers appelés "trésor de cale" (bilge treasur), les activités que chacun propose, les bons plans ou promotion et enfin on laisse quelques professionnels tels restaurateur ou taxi ou autre proposer des services. Bref, c'est une vrai mine d'informations qui se tient sur le canal 66 de la VHF à 7h30 du matin. A Carriacou, cela est tenu tous les lundi, mercredi et vendredi par des voileux habitués des lieux depuis 40 ans et cela dure 30 à 40 minutes.

Fries party : aquagym du matin organisé par le cruiser net
Au fond à gauche, le drapeau international rouge et blanc des plongeurs 

Nous apprenons ainsi que l'on peut aller jouer dans un bar au "Mexican train". Alain est ravi, on ira à cette occasion rencontrer une communauté des voileux éclectiques, dont beaucoup de sud africain, américain / Canadien, hollandais et allemand.  Il faut dire que nous avions appris à y jouer à Leucate avec nos amis Béate et Robert. C'est un jeu de domino à 12 ou 15 chiffres, avec des séries "ouvertes" (ou dites privées), et des séries publiques (où tous les joueurs peuvent poser).

Nous découvrons aussi les dinghies party. C'est un rassemblement d'annexes (petit Zodiac) en pleine mer. Un rendez-vous est donné à un endroit approximatif, et chacun vient avec de quoi manger et boire. Le premier arrivé, celui qui organise, met son ancre, et tous les autres viennent s'accrocher à lui. On se retrouve vite à une quinzaine de participants et les échanges vont bon train. Nous avons gouté à cette occasion des spécialités d'Afrique du sud.
Dinghies Party à la tombée de la nuit

Certaines annexes ont de petites voiles 
Autour de Tyrell bay nous ferons plusieurs balades à pied notamment dans les sous bois nous offrant ainsi de belles vues sur la côte et des moments bien agréables protégées du soleil de plomb (nous sommes au niveau du 12ème parallèle, dans la zone inter tropicale et ici le soleil est très haut dans le ciel à la mi-journée).

La baie vue des collines du sud
Nous passerons plusieurs semaines dans cette ile car nous sommes en attente de l'évaporateur du réfrigérateur commandé par internet et qui est sensé arriver à Grenade début septembre. 
C'est l'occasion de partir découvrir l'ile et de s'imprégner de l'ambiance insulaire.

La clearance se fait dans la maison bleue de gauche au rez-de-chaussée
située dans le petit chantier du sud de la baie

Nous irons à pied à Hillsborough, la "grande" ville de l'ile, Alain estimant que ce n'est pas très loin. En plein soleil sur une route bitumée, cela devient vite un calvaire.... Ce n'est pas 6 km mais 6 miles qui nous séparent de cette ville, bref ne pas oublier d'utiliser les unités anglaises pour tous les calculs.

Ponton d'Hillsborough vue d'un petit restaurant en bord de plage

Heureusement chemin faisant, nous faisons une halte à Paradise Beach : endroit magique en face de Sandy island où nous profitons de nous désaltérer au bar sur la plage d'un sable blanc lumineux digne d'une carte postale.

Paradise beach, au fond à droite Sandy Island
(mouillage sur bouées payant et obligatoire)

Quelques miles plus loin nous découvrons Hillsborough : petite agglomération avec des cases et des petites bâtisses un peu délabrées où nous trouvons des supermarchés modestes et des restaurants. Ici aussi il y a très peu de marchands de fruits & légumes locaux.

Hélas, pas de nouveauté dans les denrées proposées et peu de légumes ou de fruits frais. On profitera de cette journée pour déguster un bon hamburger avec des frites dans un restaurant donnant sur la plage : trop bon... Il faut dire que nous avons choisi de ne pas avoir de friteuse à bord, question sécurité et odeurs.

Plage le long de la route de Tyrell Bay
Vestige le long de la route qui borde la baie
C'est aussi le repère visuel pour trouver le super marché
Après quelques jours passés dans cette baie, nous sommes soudain rappelés à la réalité des conditions météorologiques. En très peu de temps, on apprend que la tempête tropicale qui devait passer au large de l'ile se rapproche de nous et est classée en ouragan. Il s'agit de Dorian, et il deviendra un cyclone de cinquième catégorie : le plus puissant de l'année 2019 dans les Caraïbes.

Trajectoire du cyclone Dorian

Nous étions entre St Georges et Kingstown
au Sud de Dorian

Mouillage & onde tropicale = photo contrastée
Noter les bordures de route aux couleurs du drapeau local
A partir de ce moment, on peut voir des mouvements de bateaux dans tous les sens. Certains quittent le mouillage pour descendre vers Grenade, d'autres partent et se réfugient dans la mangrove ouverte par les autorités à cet effet.

Parfois cela pleut dru en plein soleil
Alain décide pour le moment de ne pas bouger. Nous sommes solidement ancrés et les bateaux autour de nous ont quasi tous disparu. Il ne reste que très peu de navires au mouillage. En cas de mauvaises conditions météo, le danger ce sont souvent les autres bateaux ou les rochers.

Par sécurité nous partons en repérage en annexe dans la mangrove et découvrons les bateaux attachées les uns avec les autres. C'est très impressionnant de voir tous ces préparatifs pour affronter les éléments.

Pour ma part je ne suis pas rassurée de la situation. Fort de ce constat, Alain confirme son choix de rester au mouillage. Il y a trop de monde dans la petite mangrove. Et quand le vent souffle, ce sont autant de danger qui peuvent vous tomber dessus. De même les grosses vagues peuvent facilement passer par dessus la végétation qui devient alors un piège.

Heureusement pour nous, Dorian n'a fait qu'un très faible passage (vent à 25 noeuds). Nous avons eu plus peur que de mal. 

Alain quant à lui découvrira la joie du dentiste. Eh oui une rage de dent l'a contraint à consulter le dentiste de Hillsborough. Il en sera quitte pour prendre des antibiotiques pendant une semaine. Malheureusement, vous découvrirez dans la suite de nos aventures que l'histoire du dentiste aura une suite. Comme nous vivons à bord à plein temps, il est normal de rencontrer les petits tracas de la vie de tous les jours, même ici. Notez que la consultation du dentiste de l'hôpital d'Hillsborough est gratuite sauf pour les touristes qui sont invités à donner une participation (aucun montant n'est imposé). Le prix d'une consultation d'un médecin en métropole nous a paru être une bonne mesure pour le service rendu.

L'hôpital Belair de Carriacou 
Cette escale nous a apporté aussi le plaisir de faire de nouvelles rencontres comme Patrick et Anna sur  ALBATROS, Mireille et Jean-Pierre sur VIVIAN, Evelyne et Jean sur YAPUKA le cata, ou le voiliers MANDELAY 2 de Stéphanie et Frédéric, Mystic Blue de Gary et Angela Smith.

Impatient de quitter l'ile pour récupérer notre réfrigérateur, nous partons de Carriacou pour rejoindre Grenade accompagnés par VIVIAN dans cette belle étape.

Nous sommes à Grenade West Indies quand nous écrivons ces lignes. Bien ajouter West Indies à Grenade, car il y a plusieurs "Grenade" de par le monde, notamment en Espagne. 

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