mercredi 20 juin 2018

Vieille Singer

Du Métier de tailleur

Le projet de voyage en voilier a cette particularité de nous permettre d'aborder tous les métiers liés à la navigation. Nous ne sommes pas millionnaires (non non, je vous assure, je ferai un article sur le coût du projet et vous serez surpris), aussi nous réalisons par nous même le maximum de travaux à bord.

Un des métiers auquel je ne m'attendais pas à bord était celui de tailleur / couturier. Génial. En effet, il se trouve que lorsque j'étais petit, je passais des heures à régler les vielles machines à coudre de la maison. Ma grand mère maternelle, que je n'ai pas connue, était couturière et nous avait laissé 2 Singer à pédale dont une électrifiée en 220 V.
La grand mère fabriquait des soutiens gorges dans les années 30-40. Ma mère me disait, d'un air plein de sous-entendus, qu'elle était "aux pièces"; je compris plus tard que cela signifiait qu'elle était payée en fonction des pièces réalisées, et que ce métier était ingrat et donc non désirable pour ses fils...

Petit, je jouais des après-midi avec les cannettes "obus" ou les cannettes verticales des 2 vielles Singer de la maison, et plus tard je réalisais avec tous les tissus qui me tombaient sous la main, un sac de sport en Jean, un chapeau en cuir souple, des trousses, des aménagements pour mes pantalons (ronds de cuir, ouverture sur les mollets, changement de taille...)...

Réalisation d'un taud

Quand nous avons acheté notre voilier, il était équipé  d'une casquette (protection rigide du cockpit en aluminium) et d'une tente d'hivernage complètement fermée. Le derrière de la tente s'enlevait, mais du coup il n'y avait plus de protection contre le soleil et la pluie.

Casquette et devant de la tente du cockpit
Capote d'hiver posée

Nous décidâmes donc de réaliser une nouvelle partie arrière de la tente afin de pouvoir l'utiliser en navigation. En gros, on conserve la forme, mais on créé des ouvertures sur les cotés et à l'arrière.
Du coup, nous avons creusé le sujet de la couture sur voile.

Ce que nous avons appris :
  • La toile de tissus "spécial marine" n'est pas très épaisse, mais elle est difficile à transpercer. (Nous avons choisi la marque Sunbrella, très résistante aux UV).
  • Notre machine moderne spéciale Jean (une Toyota Oekaki ) n'arrive pas à coudre plus de 2 épaisseurs de tissu marine : elle manque des points ; en fait elle n'arrive pas toujours à crocheter le fil par en-dessous et la tension du fil n'est pas assez forte (le point ne se fait donc pas au milieu du tissu comme il faudrait)
  • Il faut des aiguilles solides mais qui ne coupent pas (ne pas prendre des aiguilles spéciales cuir sinon cela abime le tissu). Nous avons essayé du 90, du 100 et du 110. Cette dernière passe bien.
  • Il faut un fil spécial resistant aux UV : c'est un fil trois brins de référence V92
  • Il faut une machine à coudre avec un pied de pression et un réglage de tension de fil très fort. Le fil V92 est gras au toucher, et difficile à tendre.
  • Enfin, l'astuce qui vous sauve la vie : utiliser du scotch double face pour coudre. Cela a 2 effets intéressants.
    • En premier, cela permet de tenir les tissus à coudre quand vous n'avez pas de pied à double entrainement (c'est un pied qui "marche" sur le tissu et fait donc avancer le tissu par dessous et par dessus).
    • En second, cela permet d'étanchéïfier les coutures. Sur mes tentes d'expédition, j'avais remarqué que l'étanchéité était obtenue avec des fils en coton qui gonflaient à l'humidité. Ici le fil est polyester et ne gonfle pas.
Comme je n'avais plus les machines de grand mère, bêtement données il y a longtemps, nous avons vainement parcouru les vide-greniers du coin pour en trouver une. En passant par hasard chez Emmaüs, nous avons rencontré une bénévole qui nous a vendu pour 30 € une Singer type 15-90 des années 50, montée en 110 V.  Particularité de cette machine lourde de 25 kg : bien qu'elle soit en fonte, elle est proposée dans une valise de transport (nous l'emmènerons donc à bord !).

Après plusieurs tests, nous avons réussi à coudre 8 épaisseurs de Sunbrella. Du coup, la machine a été  complétée d'un nouveau moteur en 220 v et d'une nouvelle lampe.

Note : Ce modèle de machine ancienne ne réalise que des points droits, et non des points zigzags. Pour les voiles, cela limite donc les réalisations  de  réparation temporaire, car une couture zigzag est beaucoup plus solide lors des déformations des tissus.

Moteur 220v en blanc et lumière télescopique


Pose du galon pour terminer proprement la découpe en bordure
Scotch double face & couture de la fermeture éclaire principale
Capote et salle à manger squattée...

Détail de couture

Bâti réalisé en scotchant une toile plastique
 directement sur les barres de fixations de la capote
Ajout Novembre 2019 :

En 2019 nous avons amélioré la Singer afin de pouvoir coudre sans électricité. Il s'agit d'ajouter une manivelle et de changer le volant que fait tourner le moteur. Il faut un volant ajouré et non plein pour le mécanisme manuel. Ces mécanismes s'achètent neuf sur le net (20€), mais ils ne sont pas de bonne qualité sauf pour les modèles Singer qui sont beaucoup plus cher.

Nous avons donc chercher des veilles machines bradées à 20 € sur leboncoin. Elles sont rouillées, inutilisables pour la plupart, mais ce mécanisme est souvent fonctionnel. Bingo, à 15 € nous avons trouvé une telle machine, et aujourd'hui nous cousons tout avec cette manivelle tant le mécanisme est fluide et la machine facile à utiliser.

Le mécanisme se fixe à la place du support moteur que l'on doit retirer

La manivelle peut se replier pour ranger la machine


Détail du mécanisme qui se règle entre les rayons du volant

Le métal est un peu piqué, mais fonctionne parfaitement




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