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Drapeau du Vanuatu |
Vanuatu
Venant des iles Fidji, après 4 jours de navigation dans une mer difficile (vagues de 4m croisées), nous arrivons sur l’ile de Tanna où nous ancrons à Port Résolution dans 5 mètres d’eau. La baie est belle et bien protégée des vents, un peu moins bien de la houle qui arrive parfois à entrer.
Nous sommes 7 bateaux au mouillage dont nos copains du cata Kermotu (Philippe et Florence) et le cata Nanuk (Pierre et Anouk avec leur invité Rodolphe) qui sont partis en même temps que nous des Fidji.
Le mouillage vu du Yacht Club |
Mouillage de Port Résolution, qui n'a de "port" que le nom |
Dès l’après-midi, nous pouvons effectuer les formalités d’entrée au Yacht Club. Rodolphe, le douanier qui parle français est arrivé de Lenakel (village situé de l’autre côté de l’ile). Comme nous sommes 5 bateaux à être arrivés, les frais de déplacement du douanier sont divisés (45$US pour la douane et 5$ pour le déplacement par voilier car le trajet aller / retour lui coûte 25$US). L'agent de l'immigration ne viendra pas car il a quitté l'île pour 15 jours. Il n'y a pas la "Biosécurité" non plus, il faudra attendre d'aller à Port Vila pour faire ces 2 dernières démarches. Nous paierons les démarches en dollar américain car nous n'avons pas encore de monnaie locale.
La journée se termine par une balade dans le village où nous rencontrons les habitants. Nous sommes surpris d’entendre parler Français. En effet les îles Vanuatu (anciennement appelées Nouvelles Hébrides jusqu’en 1980) ont longtemps été sous domination franco-anglaise. Bien que plusieurs phénomènes météorologiques désastreux soient arrivés cette année 2023, le village reste fleuri et entretenu. On y découvre notamment :
Euphorbia tithymaloides, parfois appelée pantoufle du diable, belle plante, mais très toxique. |
Ces amandes un peu sèches sont enfilées sur une nervure de feuille de cocotier et vendues sur les marchés. |
Organisation du village : les habitations sont séparées des cuisines de chacun |
Banque micro-crédit, où 220 personnes du village mettent leurs économie en commun. Taux d'emprunt : 10 % |
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L'unique pompe à eau du village |
Nous sommes maintenant en Mélanaisie, la population locale à la peau plus sombre et de type apparenté aborigène ou Papou |
A gauche notre hôte Suzanne, devant Anouck et Pierre du voilier Nanuk, Au fond Philippe du voilier Kermotu, Alain du voilier Unavoq et Rodolphe invité de Nanuk |
Repas commandé sur la plage, Boeuf en sauce accompagné de pomme de terre douce & citrouille |
A l’école les 2 langues sont enseignées, le Français et l'Anglais en plus du Bislama (dialecte local). De passage à l’école du village, Alain en profitera pour donner un cours de Math en anglais aux élèves de 4ème (en accord avec leur professeur). Ce sera un vrai moment convivial avec ses enfants qui hélas n’ont pas tout le matériel nécessaire. Ils manquent de crayons, de papier, de règles, de compas, d’équerres et de bien d’autres fournitures.
Exemple de textes officiels en 3 langues |
Quelques questions bien ciblées montreront qu'ils sont capables de réflexions alors que leurs univers se restreint à leur village : pour eux, pas de téléphone ni d'Internet, aucune ouverture sur le monde si ce n'est les voiliers de passage.
Alain donne un cours de géométrie à une classe de 7ième |
Les élèves sont attentifs |
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Au sommet du volcan, bras nus et jambes à l'air ... |
Confiantes le jour, mais la nuit c'est plus terrifiant |
Fumée et grondement comme un chaudron maléfique |
Fumée toxique qui pique les yeux et irrite la gorge |
Gerbes de feu et de cendre |
A la nuit tombante, le spectacle est dantesque |
A Port Résolution, dans le village il n'y a pas d'ATM (distributeur d'argent), ni de carte sim. Il nous faut donc nous rendre à Lenakel de l'autre côté de l'île. Nous louons à nouveau le taxi 4x4 pour un départ à 7 heures avec retour à 16h (2h30 aller). Le parcours est magnifique. les paysages sont tous splendides avec une diversité remarquable : traversée au départ dans une jungle dense, puis arrivée au bas du volcan, poursuite dans des dunes de cendres noires où serpente une rivière encaissée dans des couches successives de lave, traversée de la rivière à un guet, collines de pierre rose, montée et descente d'un mont offrant une vue aérienne sur la mer et ses côtes dentelées et enfin une route bitumée pour rejoindre la ville. Nous en avons pris pleins les yeux. (pour la vidéo de la traversée cliquez ici )
Traversée du desert volcanique en taxi 4x4 |
Le taxi va jusqu'au débarcadère pour ceux qui se rendent à Port Vila par la mer |
Place ombragée du marché principal de Lenakel |
Un regard plus précis sur les détails des billets de banque permet de cerner l'identité du Vanuatu :
Figurine d'un billet que l'on retrouve aussi dans tous les emblèmes officiels accompagnée de la devise "Long God yumi stanap" "nous croyons en dieu" |
La forêt tropicale, représentée par un banyan au fond, et ses oiseaux sont aussi présents sur les billets très colorés. |
Nous terminons nos achats par une visite au marché local où nous prenons essentiellement des légumes car les arbres fruitiers ont pour la plupart été détruits (arbres et plantations) par les cyclones de mars 2023. Le Vanuatu a été touché par deux cyclones massifs de catégorie 4 qui ont frappé en l'espace de 24 heures. Le cyclone Kevin, avec des rafales de vent atteignant 160 km par heure, a frappé le pays quelques heures après la sortie du cyclone Judy. Double peine, surtout que le 3 mars un tremblement de terre de magnitude 6,5 a aussi frappé le sud du Pays.
Nous repartirons avec des choux, des carottes, des haricots verts, patates douces, salades, tomates et concombres.
Touristes qui attendent durant une heure que le taxi arrive, car l'on s'est mal compris avec le chauffeur... |
A la nuit tombée, nous sommes invités à boire le Kava |
La racine du poivrier est broyée (elle ressemble alors à des rillettes) et filtrée lorsqu'elle est mouillée avec de l'eau |
Voilà, cela fait déjà 5 ans que nous naviguons. Une telle opportunité de voyage ne se présente pas souvent au cours d'une vie, nous en sommes bien conscients. Alors on essaie de vivre pleinement cette expérience hors du commun. Seulement voilà, il arrive, au cours d'un si long périple, que l'on se lasse un peu. Oui, c'est encore une île, encore une navigation difficile, encore un truc à réparer car la mer détruit tout, encore une plage de sable fin ... tout semble se répéter à l'infini, et un sentiment de déjà vu émousse notre volonté de continuer.
Avons nous atteint un point où le voyage ne nous apporte plus rien de nouveau, ou sommes nous tout simplement trop bien nantis et coupés de la réalité des choses simples de la vie ?
La réponse à cette question nous est peut-être donnée par notre escale au Vanuatu, et plus particulièrement la visite de l'île de Tanna.
Alors oui, nous sommes toujours capables de nous émerveiller. Cette escale nous a montré que notre planète et ses habitants nous réservent encore bien des surprises. Parfois l'on ne sait pas de quoi demain sera fait, mais ce dont on est sure c'est que l'on se sent vivre et, parfois, on se sent aussi utile. Vive l'aventure !