vendredi 5 avril 2024

Vanuatu : l'île d'Efate


Port Vila sur l'ile d'Efate
Les armoiries du Vanuatu

Octobre 2023, le voyage continue vers le Nord des Vanuatu. Nous partons en fin d'après midi pour rejoindre Port Vila (la capitale du Vanuatu). Le temps est beau et la mer relativement calme. Nous passons une nuit tranquille et apercevons au petit matin l'ile d'Efate. 

Mais, d'un seul coup, à l'entrée de la baie, nous subissons un changement brutal des conditions : la mer s'anime, le vent s'active et le mauvais temps nous surprend. Nous avons 30 noeuds de vent et il nous faut affaler la grand voile rapidement. Dans ces conditions nous sommes à l'avant du bateau, secoués par les vagues et trempés. La mer nous offre une douche gratuite mais un peu froide...

Bref, une arrivée juste avant l'entrée de la baie protégée de Port Vila très inconfortable avec des vagues croisées dangereuses : on apprendra qu'il ne faut pas prendre l'entrée de la baie sur bâbord, mais bien tenir tribord comme nous l'avons fait. Je n'ose imaginer nous retrouver drosser sur la côte comme plusieurs pêcheurs locaux nous ont raconté avoir vécu.
 
Heureusement la barrière franchie, nous sommes au calme et progressons à la recherche d'une place pour stationner. Quelques bateaux sont ancrés devant Port Vila, juste à coté de la bouée jaune. Nous ancrons le bateau juste derrière Kermotu arrivé quelques jours auparavant. L'endroit situé à gauche des mouillages sur bouée est normalement réservé pour la clearance des voiliers. Nous y resterons 15 jours sans souci. Le fond est très variable, avec soit des patates, soit du sable ou soit trop de profondeur.

Vue du mouillage
Nous profitons du week end pour nous reposer et partons dès lundi terminer nos démarches administratives. En dinghy nous rejoignons l'autre côté de la baie pour faire l'immigration et la bio-sécurité.
A l'immigration, nos passeports sont tamponnés mais il nous faudra aller en centre ville payer une taxe d'entrée d'environ 60 Euro par bateau (info de septembre 2023).

Oryctes rhinoceros
(rhinocéros des cocotiers, image wiki car on n'en a pas vu)
Côté bio-sécurité, nous n'avons pas de taxe à payer car nous n'avons pas déclaré de poubelle (sinon il y a une taxe par poubelle apportée à terre) ; les seules recommandations qui nous sont faites concernent le rhinocéros des cocotiers. Ce n'est pas un poisson d'avril, non, c'est un scarabée qui s’attaque aux cocotiers, mais également à plusieurs espèces de palmiers. Il est arrivé aux Vanuatu en 2023 avec un cargo dont le vrac n'avait pas été traité, et s'est rapidement disséminé dans les iles voisines. La consigne est de ne pas naviguer entre les iles en partant après 16h, car il a la fâcheuse habitude de venir se reposer sur les bateaux en fin d'après midi et devenir un passager clandestin.

Comme nous avions déjà  fait les démarches de la douane sur l'ile de Tanna, nous leur transmettons seulement la pochette scellée de documents remis par le douanier de Tanna. On apprendra plus tard qu'il est maintenant possible de faire une clearance de sortie à Tana, à vérifier.

Cette escale est l'occasion de rencontrer Colin, radio amateur local que l'on avait connu avec l'aide d'un autre radio amateur que l'on avait contacté en mer avec la HF. Il habite Port Vila, et nous fera découvrir son installation HF, sa roussette et divers endroits intéressants. Colin est un adepte du Morse, il est présent souvent sur la bande des 30 m.

Colin Joli à sa station HF
call sign YJ8CW
Antenne Moxon
Son boitier code morse
(Pteropus Anetianus)
endémique aux Vanuatu
Colin et sa roussette apprivoisée
(frugivore mais jalouse et impressionante)

Portrait de la demoiselle
Détail de ses griffes
Port Vila,
Restaurant (assez cher) avec le ponton à dinghy
(ponton payant, mais on peut utiliser ceux du marché qui sont gratuits)
Le ponton mobile sert au mouillage
On peut mouiller sur bouée et reculer cul à quai

Ponton aux dinghy, vue depuis la mer
On peut facilement faire du gasoil juste à coté
Zone de mouillage payante
en face du casino
Chantier de sortie de bateaux
Il est situé au fond de la baie à coté de la douane
La plateforme du chariot de sortie
avec un tout petit magasin à droite
Le superbe et excellent salon de chocolat
de l'alliance française
qui fait aussi des repas (centre ville)
Le marché centrale (le long des quais)
où l'on peut bien manger pour 2-3 Euros


Tee shirt aux couleurs du Vanuatu
Rubus rosifolius
en Nouvelle-Calédonie on l'appelle « framboise marron »
ou encore « framboise pays »
Fruit assez ferme et sans goût trouvé sur le marché
Tout petit musée de port Vila
(National Museum)
Avec de belles expositions
Totems des Vanuatu
Animation réalisée par le conservateur du musée
un bon moment d'échange impromptu avec les 4-5 visiteurs du moment
(dont des visiteurs locaux !)


La spécialité locale : dessin sur sable
véritable patrimoine culturel immatériel
Concert avec les instruments du musée
Instrument de musique en bambou
Guérite de vente de carte SIM en centre ville
Le navire militaire français A621
nommé d'Entrecasteaux
que l'on avait déjà croisé aux Samoa
Le fond de la baie de port Vila
cimetière de cargo
Le sable est fin et agréable mais l'environnement pas très propre...
Promenade aménagée le long de la berge
C'est propre et bien agencé.
Unavoq II est le voilier un peu rouge
Apéro dinatoire à bord du cata Nanuk
(avec de gauche à droite) 
Anouk, Rodolphe, Pierre du cata Nanuk,
Daniel et Fabienne de voilier 3 épices,
Patricia et Alain d'Unavoq II

On quitte les Vanuatu pour la Nouvelle Calédonie mi-octobre car la météo change, et une belle fenêtre de navigation s'offre à nous. Ce sera un bon choix car une alerte cyclonique viendra confirmer nos choix. Alerte qui se traduira par le passage d'un cyclone au Nord de port Vila le 20 octobre. On commence à avoir le nez creux concernant la météo :)

Capture d'écran de la carte météo du 20 octobre 2023
Le cyclone Lola ne touchera pas la Nouvelle Calédonie

On est bien plus protégé en Nouvelle Calédonie en cas d'alerte cyclonique. Il y a de nombreuses baies bien abritées de la mer et beaucoup de zone avec des mangroves protectrices.

Les prévisions de trajectoire du cyclone Lola
Il a fini par tourner et disparaître avant d'atteindre la Nouvelle Calédonie



Nous écrivons ces lignes depuis la belle Nouvelle Zélande où l'on passe les vacances de pâques en "road trip" pour changer :).


mardi 14 novembre 2023

Vanuatu : Erromango

Petite halte sur l'ile d'Erromango

Après quelques jours de dépaysement total passés sur l'ile de Tanna, nous reprenons la mer en direction de Port Vila où nous pourrons terminer  les démarches obligatoires nécessaires à notre entrée dans ce pays.

Avec Pierre, Anouk et Rodolphe du catamaran Nanuk, nous décidons de nous arrêter en chemin sur l'ile d'Erromango, tandis que Philippe et Florence du catamaran Kermotu filent directement vers l'ile d'Efate.

On se retrouvera dans quelques jours à Port Vila.
La traversée est bien agréable. Pas trop de vent, l'occasion de sortir le spi et de profiter de la navigation. Pour la petite histoire, nous avions tous bridé le spi au départ car la houle les déventaient. La pose d'une bride empêche le spi de monter et de battre au vent si celui-ci n'est pas constant ; Cela permet de ne pas l'abimer. Qui veut aller loin, ménage sa monture.

Nanuk sous gennaker

Par contre, quand le vent et les vagues ont tourné, nous avions laissé la bride à notre spi, peut-être par fainéantise... Voyant nos voiliers copains prendre de la vitesse et pas nous, nous nous sommes posées des questions. Certes nous étions plus près de la côte qu'eux, mais quand même, ils allaient beaucoup plus vite que nous. Rentrant dans le cockpit pour boire un coup, les voiliers copains qui nous avaient joyeusement grillés nous font la remarque sur la bride. On l'enlève, le spi libéré monte, et là pouf, on prend d'un coup 2-3 noeuds de vitesse. Sur une navigation d'une journée, nous sommes arrivés plus d'une heure après les voiliers copains au mouillage d'Erromango. Comme quoi, on n'arrête pas d'apprendre.


Il nous faudra une bonne journée pour arriver dans la baie de Dillon
Ici la brume matinale au lever du soleil le lendemain

Dès notre arrivée, nous sommes accueillis par David qui nous souhaite la bienvenue et nous convie le lendemain matin à le rejoindre au Yacht club de l'ile.

La pirogue à balancelle de David

En dinghy, nous rejoignons la plage et retrouvons David qui nous aide à monter les bateaux sur la rive car il n'y a pas de ponton et la baie foisonne de cailloux. Nous devons porter les dinghy et les assurer à terre à cause de la marée et des vagues qui laminent le bord de l'eau.

Le Yacht Club d'Erromango

David nous conduit vers le Yacht club qu'il a construit ainsi que sa maison où il habite avec sa femme et ses enfants. A l'intérieur on découvre un lieu bien agréable, sobre, décoré de drapeaux et d'objets laissés par les navigateurs de passage ainsi qu'un livre où chacun est invité à laisser quelques mots.

Tous les drapeaux laissés par les visiteurs décorent le lieu

Alain et Pierre 

David présente à Anouk les livres où il nous invite
 à laisser un message de notre passage

Ce lieu est aménagé et permet de pouvoir partager de bons moments de détente. Il abrite aussi quelques livres intéressants sur la culture et l'histoire locales, notamment le livre d'ethnologie d'Anna Naupa qui a la particularité d'être écrit en 4 langues : en langue locale nommée Sie, en Bichlamar, en anglais et en français.

ISBN 9789829132017

A la lecture de ces livres, on apprend que les contacts avec la population ont été difficiles pour les explorateurs jusqu'au 20 ème siècle (les explorateurs recherchent alors le bois de santal). De nombreux étrangers furent exécutés, et même mangés... L'affaire est bien connue des milieux missionnaires protestants du Pacifique, dans la mesure où le drame a concerné plusieurs pasteurs, dont l’un était célèbre (John Williams, 1796-1839).

Une maison typique dans le petit village
Toiture en feuilles de pandanus séchées

170 ans après, le drame de John Williams refit surface (en décembre 2009). Les descendants du pasteur et de sa femme Mary ont accepté de se rendre à Erromango pour participer à une cérémonie de réconciliation entre les descendants des cannibales et ceux des missionnaires sacrifiés. C'est un peu comme si je devais presenter des excuses aux descendants ukrainiens du fait que mon aïeul était dragon dans l'armée napoléonienne et avait sans doute semé la terreur parmi la population... 

David nous explique que la situation de l'ile est difficile depuis le passage des 2 cyclones cette années 2023. Très peu d'aide est parvenue et il manque de la nourriture essentielle.

Comme pour les habitants de Tanna, nous leur apportons ce qui nous reste de nos réserves, soit du lait en poudre, de la farine, du riz, du café, des céréales... Cela sera partagé par David avec les habitants du village.

Un des nombreux jardins potagers
(seul moyen de s'alimenter, les cyclones ont abimé les arbres fruitiers)

Après ces moments d'échanges, David nous propose une visite guidée de l'ile (la visite sera finalement payante... et nous ne verrons pas les grottes, anciens cimetières locaux aux ossements bien rangés)

Nous traversons ainsi le village avec ses maisons d'habitations, ses jardins et ses écoles. Les écoles n'enseignant pas dans la même langue et n'ayant pas les mêmes ressources financières, elles ne se mélangent pas.

Les serres où sont préparées toutes les semences

Comme nous l'avions demandé, il nous conduit vers l'école française (les classes où les cours sont enseignés en langue française)
Nous sommes invités par la maitresse à entrer dans la classe bien studieuse. Anouk et Pierre en profitent pour distribuer aux enfants des sucettes et des brosses à dent (qui vont de pair avec les sucettes) mais aussi un peu de matériel scolaire.

Une classe joliment décorée où la maitresse enseigne le français

Distribution de sucettes par Anouk et Pierre
succès assuré :)

Nous continuons la visite jusqu'à la rivière où une large étendue d'eau douce permet de se baigner.

Pierre et Rodolphe à l'eau

Alain en grande discussion avec David

De retour, nous demandons à David l'autorisation de diner le soir au yacht club. Comme nous commençons à manquer de viandes ou de poissons pour autant de personnes, Pierre propose d'apporter son four à pizza.

Le soir venu, ce sera un beau moment convivial où notre pizzaïolo (Pierre) régalera toutes la tablée avec de délicieuses pizza confectionnées avec tous nos ingrédients restants.

Notre Pizzaïolo devant son four à Pizza portatif

Les petits enfants de David qui découvrent la pizza à emporter

L'île d'Erromango mériterait un arrêt prolongé, car de nombreuses promenades en forêt vierge sont possibles. Cependant, le mouillage n'est pas très protégé de la houle, et nous n'avions pas prévu assez de nourriture pour rester.
Après une journée passée sur l'ile, le lendemain au petit matin, on part rejoindre l'ile d'Efate où nous devons terminer notre clearance. 

La météo est bonne, mais on s'attend à avoir des vagues croisées une fois sorti de la protection de l'île. On apprendra à l'arrivée, que durant la nuit, un petit avion de tourisme s'est crashé en mer non loin de notre route. Les 4 passagers et le pilote seront secourus. Bien que nous ayons laissé la VHF sur la canal 16 en veille toute la nuit, nous n'avons rien entendu. En mer, la portée de la VHF ne dépasse que rarement les 30 mn entre bateaux.

Ps: nous écrivons ces lignes depuis la Nouvelle Calédonie où nous passerons la saison cyclonique.